Modification des équilibres économiques et politiques depuis 1970
Le plus important en quelques mots
Dans ce résumé, evulpo t'emmène découvrir les grands événements qui ont touché le monde à partir des années 1970 : les chocs pétroliers qui ont entrainé une chute de la croissance mondiale et les réponses du libéralisme qui ont suivi ; la chute de plusieurs régimes autoritaires dans le sud de l'Europe (Portugal, Grèce et Espagne) et l'entrée de ces États dans la CEE ; la révolution islamique en Iran qui a conduit à la mise en place d'une République islamique ; et l'effondrement de l'Union soviétique qui mit fin à la guerre froide.
La crise économique occidentale
Les deux chocs pétroliers
Le déclenchement de la guerre de Kippour entreprise le 6 octobre 1973 par la Syrie et l’Égypte à l'encontre d'Israël mène les Américains à fournir de l'armement à ce dernier. En réponses, les pays de l'OPEP (organisation des pays exportateurs de pétrole) décident d'augmenter de 70% le prix du baril brut et de réduire chaque mois de 5% leur production pétrolière. Les conséquences mondiales sont quasiment instantanées, la production industrielle baisse, la croissance se tarit et le chômage croit, tandis que la "stagflation" s'installe dans les pays industrialisés : une inflation supérieure à 10%.
Un second choc pétrolier se produit en 1979 en raison de la révolution islamique en Iran et de la guerre Iran-Irak de 1980. Ces deux événements entrainent l'interruption des exportations pétrolières iraniennes et son corollaire : le doublement des prix du baril entre 1979 et 1980. C'est l'avènement du chômage de masse, tandis que la croissance des pays développés passe sous le seuil de 0% (-4,5% en 1982).
Délocalisation et déficit budgétaire
En réponse, les firmes multinationales délocalisent leurs lieux de production dans des pays où la main-d’œuvre est peu chère comme en Asie. L'augmentation du coût de la vie entraîne des grèves pour revendiquer des hausses de salaire ("hiver du mécontentement" au Royaume-Uni entre 1978 et 1979). Dans un premier temps, certains États investissent massivement dans l'économie selon la doctrine keynésienne qui prône l’État providence. Toutefois, si cette intervention permet de limiter les effets sociaux de la crise, elle augmente le déficit budgétaire de l’État.
Le néolibéralisme en réponse à la crise
D'autres pays adoptent des solutions diamétralement opposées. C'est le cas de la Première ministre Margaret Thatcher (1979-1990) au Royaume-Uni ou du président Ronald Reagan (1980-1988) aux États-Unis, inspirés par les théories de Milton Friedman (issu de l’École de Chicago) qui préconisent de laisser les lois du marché réguler l'économie. Ainsi, ces deux pays mènent une politique de libéralisation, de privatisation des entreprises, de baisse des impôts et des budgets sociaux... Dans certains secteurs, ces politiques sont une réussite (chute de l'inflation, croissance du produit national brut). Cependant, elles accroissent les inégalités sociales et entrainent des protestations : les mineurs au Royaume-Uni en 1984 ou les cheminots en France en 1986.
Portraits de Margaret Thatcher et Ronald Reagan
Le "socialisme de marché"
En Chine, à partir de 1978, Deng Xiaoping associe le libéralisme économique à l'interventionnisme économique et une politique autoritaire de l’État. Il lance une politique de modernisation agricole, industrielle, militaire et scientifique qui réhabilite la notion de profit, l'assouplissement de la planification, la dé-collectivisation des campagnes et la réintroduction d'un secteur privé en Chine. Parallèlement, la Chine signe des accords commerciaux avec la CEE, les États-Unis ou le Japon, ce qui lui confère le statut de partenaire économique essentiel dans la mondialisation en cours. En outre, elle offre des avantages fiscaux aux entreprises occidentales qui y délocalisent des unités de production. Bref, dans les années 1980, le taux de croissance de la Chine dépasse les 10% par an.
De nouvelles démocraties en Europe du Sud
La révolution des Œillets au Portugal
Le 25 avril 1974, un coup d’État organisé au Portugal apporte la démocratie dans le pays. Des militaires s'opposent à la dictature instaurée en 1933. Le régime s'effondre et une Constitution démocratique est adoptée en 1976.
La démocratie restaurée en Grèce
À partir de novembre 1973, les étudiants manifestent contre la "dictature des colonels" mise en place en 1967. Ils subissent une importante répression, mais la révolte populaire ne désemplit pas. Le 24 juillet 1974, l'ex-Premier ministre Constantin Caramanlis revenu d'exil restaure la démocratie.
La monarchie parlementaire en Espagne
La mort du général Francisco Franco en 1975 mène son successeur désigné, le roi Juan Carlos, à démocratiser le régime. En 1978, une nouvelle Constitution est adoptée. L'Espagne devient une monarchie parlementaire qui résiste aux terroristes des mouvements indépendantistes basques ou catalans.
La révolution islamique en Iran
Un régime monarchique autoritaire
Depuis 1953, l'Iran est dirigé par le chah d'Iran, soutenu par les États-Unis. Il souhaite moderniser et occidentaliser le pays avec l'aide d'une violente police politique (la Savak). Les réformes envisagées rencontrent l'opposition du clergé chiite représenté par l'ayatollah Rouhollah Khomeini, en exil depuis 1964, mais qui pousse les Iraniens à la révolution depuis l'étranger. En janvier 1979, le chah quitte l'Iran. Le 11 février, le régime s'effondre et l'islamisme s'impose, portant le chiisme au pouvoir.
La République islamique d'Iran
La République islamique d'Iran est proclamée après un referendum le 1er avril 1979. La Constitution octroi la primauté de l'autorité religieuse sur le pouvoir politique. Entre 1979 et 1989, le premier personnage de l’État, avant le président de la République, est "le guide suprême de la Révolution", titre de l'ayatollah Rouhollah Khomeini.
Portrait de l'ayatollah Rouhollah Khomeini
L'Iran, symbole de l'islamisme politique
Dès lors, l'Iran se construit dans l'antioccidentalisme et l'antiaméricanisme. Ce sentiment est renforcé par l'exil du chah aux États-Unis et le refus du gouvernement américain de l'extrader malgré la prise en otage du personnel de l'ambassade américaine à Téhéran par les gardiens de la Révolution (Pasdarans) entre novembre 1979 et janvier 1981. Qui plus est, les États-Unis livrent des armes à l'Irak pendant le conflit Iran-Irak entre 1980 et 1988. L'Iran est isolé de la scène internationale depuis la révolution de 1979.
L'effondrement de l'Union soviétique
Le pari de Gorbatchev
À son arrivée au pouvoir à la tête de l'URSS en 1985, Mikhaïl Gorbatchev hérite d'un système politique et économique moribond. Il lance alors deux réformes, la Perestroïka (restructuration) en 1985 et la Glasnost (transparence) en 1986 afin de libéraliser en partie l'économie, d'accroître la liberté d'expression et de diminuer le rôle dirigeant du Parti communiste d'Union soviétique (PCUS). Les régimes communistes sont de plus en plus critiqués par l'opinion publique mondiale, soutenue par le pape polonais Jean-Paul II.
Portrait de Mikhaïl Gorbatchev
La fin des démocraties populaires
Peu à peu, les démocraties populaires rompent avec le communisme. En Pologne, des élections libres sont organisées en juin 1989. Le parti de Lech Walesa, Solidarnosc entre au gouvernement après une large victoire dans les urnes. En Hongrie, le totalitarisme prend fin lorsque le gouvernement applique une politique influencée par les réformes de Gorbatchev. L'ouverture des frontières entre l'Autriche et la Hongrie en mai 1989 pousse des milliers d'Allemands de l'Est à fuir vers l'ouest. Le 9 novembre, le mur de Berlin s'effondre. Un an plus tard, le 3 octobre 1990, l'Allemagne est réunifiée.
L'implosion de l'URSS
Les républiques baltes proclament leurs indépendances en 1990 et sont suivies de près par toutes les républiques de l'URSS. En juin 1991, la Russie organise des élections présidentielles au suffrage universel qui sont remportées par Boris Eltsine. Une paix avec les États-Unis est signée le 3 décembre 1991 signifiant la fin de la guerre froide. Le 25 décembre 1991, l'Union soviétique cesse d'exister. La Chine reste la seule grande puissance communiste dans le monde.
À retenir
Dates
1973 : premier choc pétrolier.
1974-1978 : chute des régies autoritaires d'Europe méridionale (Portugal, Grèce, Espagne).
1978 : politique de modernisation de la Chine.
1979 : révolution islamique en Iran.
1980-1988 : présidence de Ronald Reagan.
1981 : entrée de la Grèce dans la CEE.
1986 : entrée de l'Espagne et du Portugal dans la CEE.
1989-1991 : effondrement du bloc de l'Est.
1991 : disparition de l'URSS.
Définitions
Islamisme : système politique englobant l’État et la société s’appuyant sur une lecture radicale du Coran.
Socialisme de marché : système économique développé en Chine, emprunt de libéralisme économique et d'interventionnisme autoritaire de l’État.
Solidarnosc : fédération de syndicats polonais fondée le 31 août 1980.
Personnages
Ronald Reagan (1911-2004) : homme politique étasunien, président des États-Unis de 1980 à 1988.
Margaret Thatcher (1925-2013) : femme d'État britannique, Première ministre du Royaume-Uni du 4 mai 1979 au 28 novembre 1990.
Ayatollah Rouhollah Khomeini (1902-1989) : autorité religieuse du chiisme iranien, opposant au chah, il fonde la République islamique d'Iran et occupe la fonction de Guide suprême de la révolution jusqu'à sa mort en 1989.
Mikhaïl Gorbatchev (né en 1931) : nommé à la direction de l'URSS en 1985. Il démissionne le 25 décembre 1991.
Deng Xiaoping (1904-1997) : chef du Parti communiste, il modernise la Chine. Il est à l'origine de la répression de la place Tian'anmen à Pékin en 1989.