La France et le patrimoine, des actions majeures de valorisation et de protection
Le plus important en quelques mots
La France regorge de bien patrimoniaux et de sites naturels remarquables. Si 49 sites sont classés au patrimoine mondial de l'UNESCO, de nombreux autres sites sont considérés comme du patrimoine "remarquable", autour duquel se dessine une réelle activité touristique et économique. A cela s'ajoute maintenant un patrimoine immatériel qui continue de s'étoffer. Surfant sur la valorisation de ce patrimoine, la France cherche aussi à se réinventer pour le préserver.
Jalon 1 : La gestion du patrimoine français, évolution d'une politique publique
Une politique d'attachement et de valorisation de ses biens
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les actions de mise en valeur du patrimoine se multiplient. En 1962, la loi Malraux, du ministre des affaires culturelles André Malraux, permet au propriétaire d'un bien historique d'obtenir une réduction d'impôt pour engager des travaux de rénovation. Cette loi a pour but de conserver l'authenticité des centre-ville notamment. Il s'agit donc avant tout d'une action favorisant le maintien du patrimoine immobilier. En 1984, le ministre Jack Lang crée pour sa part les journées du patrimoine, pendant lesquelles les visiteurs peuvent visiter gratuitement des musées, des sites classés, parfois même des sites inaccessibles en temps normal, comme les endroits politiques (palais de l'Élysée, Assemblée nationale...).
Une nécessaire protection des espaces
Néanmoins, les collectivités territoriales semblent également avoir pris conscience de l'impact négatif que le tourisme peut avoir sur certains lieux. En 1963, la grotte de Lascaux est fermée pour préserver les peintures rupestres datant de plus de 15 000 ans avant JC. Une grotte est recréée presque à l'identique pour permettre l'exposition de ces peintures (reproduites !) au public. La grotte Chauvet, en Ardèche, découverte en 1994, n'a jamais été ouverte au public, et seuls les scientifiques y ont accès. Là encore, une reproduction de cette grotte permet de développer l'activité touristique.
En 1996, la création de la Fondation du patrimoine vise à mener des actions de préservation, de levées de fond et ainsi de rénovation du patrimoine dit "de proximité", c'est-à-dire un patrimoine non classé qui de ce fait n'obtient pas la même renommée et les mêmes retombées que les sites classés à l'UNESCO, mais qui font pourtant partie du patrimoine français.
Mobiliser plusieurs acteurs autour du patrimoine
La création de "fondations" multiples autour d'un site patrimonial illustre bien comment de multiples acteurs s'intéressent au patrimoine. Le but de ces fondations est d'organiser des actions de levées de fond auprès du grand public, mais aussi et surtout auprès de mécènes, d'entreprises, qui vont donner de l'argent pour assurer la préservation du site. Depuis 2003, une loi sur le mécénat permet aux entreprises de défiscaliser une partie de leurs dons effectués pour des fondations d'utilité publique.
Exemple
A Lyon, la fondation Notre-Dame-de-Fourvière est créée en 1998 pour assurer la valorisation du site. Elle organise des visites du site, et lange régulièrement des appels aux dons pour assurer l'entretien de la basilique, monument emblématique de Lyon.
Le 15 avril 2019, l'incendie qui ravage Notre-Dame-de-Paris aboutit à des dons records, dépassant les 830 millions d'euros. Les particuliers, mais aussi les grandes fortunes, ont contribué à ce moment-là.
Jalon 2 : Le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, entre héritage culturel et reconversion
Le bassin minier du nord de la France désigne l'espace autrefois consacré à l'exploitation des mines, s'étendant notamment sur l'axe Valenciennes / Lens / Béthune.
Les mines, une histoire douloureuse
La difficulté du travail à la mine, retranscrite dans le célèbre roman "Germinal" d'Émile Zola en 1885, a donné au Nord-Pas-de-Calais une image peu avenante. Composé de friches industrielles, de terrils (des collines de résidus issues du creusement des mines), les paysages rappellent davantage le charbon que le loisir touristique ! La désindustrialisation a également laissé des traces socio-économiques : les mines sont fermées dans la deuxième moitié du XXe siècle, rendant nécessaire un tournant économique qui a laissé de nombreux ouvriers de côté, frappés par le chômage.
Un héritage culturel à patrimonialiser ?
Pourtant, ce passé industriel fait partie de la culture de la région, une culture que l'État et les collectivités territoriales se sont engagées à promouvoir et à préserver. En 2000, est créée la "Mission pour le bassin minier", qui a pour but de réaménager ces friches industrielles. Alors que des chevalements (les ascenseurs permettant de descendre dans les mines) ont été détruits à la fermeture des mines, d'autres sont aujourd'hui conservés et considérés comme du "patrimoine", aujourd'hui considéré comme une part entière de l'histoire locale. En 2012, le bassin minier est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Le développement d'une activité touristique singulière
Plusieurs mines ont été transformées en zones de loisirs. Dans les années 1990, il était parfois possible de skier sur les terrils ! La patrimonialisation du site est passée par l'ouverture de musées. La zone dénombre 11 musées consacrés à l'activité industrielle minière. Enfin, en 2012, une antenne du Louvre est inaugurée à Lens. Il s'agit de délocaliser une partie de la culture centralisée dans la capitale, en exposant des collections dans un site qui aujourd'hui retrouve un attrait touristique.
Redévelopper une activité économique autour du patrimoine culturel du bassin minier est donc autant un enjeu de transition économique que de mémoire pour un territoire marqué par les conditions de travail difficiles.
Jalon 3 : un exemple de patrimoine immatériel, le repas gastronomique français
En 2003, est créée la notion de patrimoine mondial immatériel. Le repas gastronomique français figure à la liste de l'UNESCO depuis 2010.
La gastronomie française, outil de rayonnement international
La gastronomie française englobe autant les spécialités des différents territoires, que l'art de vivre à la française. On peut aussi y ajouter le savoir-faire, notamment dans le vin. La gastronomie génère des revenus par les visiteurs français mais aussi la pratique française (aller découvrir des spécialités dans de nouvelles régions par exemple), mais s'exporte également. En 2022, le vin représente 17 milliards d'euros d'exportations. Avec cet attrait pour la gastronomie, c'est tout un business qui se développe autour des métiers de bouche, au risque parfois de dénaturer les traditions.
La gastronomie française, outil diplomatique
Ce "savoir-vivre" à la française, autour d'un bon repas, a également pu être utilisé comme un outil diplomatique ! Les diners de gala organisés pendant les visites d'État sont l'occasion de présenter le savoir-faire français en termes de cuisine. En 1961, dans un contexte de grande tension entre la France et les États-Unis, le président De Gaulle convie les Kennedy en France, avec un dîner officiel comme temps fort du voyage. Lorsque des restaurants étoilés en France ouvrent des restaurants à l'étranger, on peut également parler d'un export culturel qui participe au "soft power" français.