La Chine : à la conquête de l'espace, des mers et des océans :
Le plus important en quelques mots
D'abord rattachée par partenariats successifs à des projets internationaux, la Chine se lance aujourd'hui elle-même dans des projets unilatéraux de conquête de l'espace. Ils disposent aujourd'hui de leur propre station spatiale habitable, et les projets d'exploitation des ressources lunaires se multiplient. Sur le plan maritime, l'extension de leur Zone Économique Exclusive et la volonté de contrôler les mers pour stabiliser les nouvelles routes de la Soie, sont des exemples affirmés de la puissance maritime chinoise.
Jalon 1 : Une volonté politique d'affirmation
La mise en avant des conquêtes chinoises passe par un discours public, un discours politique, qui vise à susciter l'adhésion de la population.
Le rêve chinois, basé sur le nationalisme
Le président de la République Populaire de Chine, Xi Jimping, au pouvoir depuis 2013, évoque le "rêve chinois" comme un projet de fierté nationale qui s'exprime à travers les conquêtes et les avancées technologiques de la Chine. Le "rêve chinois", c'est avant tout donner à la Chine une toute-puissance, qui se matérialise dans le pouvoir économique, dans le pouvoir territorial (un territoire terrestre et maritime vaste) et dans la capacité à accomplir de nouvelles avancées, notamment au plan spatial, mais aussi au plan militaire. Les investissements récents dans l'armée, dont les images des démonstrations de force dans les défilés officiels font souvent le tour du monde, visent notamment à affirmer la puissance chinoise face à des puissances historiques comme celle des États-Unis.
Rattraper, dépasser, être les premiers...
Sur le plan des nouvelles technologies, et notamment de la conquête spatiale, la Chine accuse un retard. Il faut dire que les Etats-Unis ont interdit toute coopération avec la Chine, la laissant en-dehors des grands projets internationaux comme la station spatiale internationale. Un temps associée au programme "Galileo" fondé par l'Union européenne, visant à concurrencer le système de localisation GPS des Américains, la Chine s'est finalement tournée vers ses projets propres. Son système de localisation Beidou est aujourd'hui opérationnel (et obligatoire) en Chine. Pour se démarquer des puissances spatiales historiques, elle vise d'autres territoires : elle réalise le premier alunissage de l'Histoire sur la face cachée de la Lune, projetant d'y installer une base permanente d'ici la fin de la décennie. Aujourd'hui, la Chine s'apprête à jouer un rôle de premier plan dans l'exploration de Mars.
Une propagande au service des conquêtes
Le rêve chinois est propulsé par toute une communication gouvernementale favorisant la fierté nationale. Des mises en scène du président félicitant les astronautes sont retransmises à la télévision, des posters sont distribués ou vendus pour mettre en avant la puissance de l'armée... Dans la conquête des océans, la Chine favorise l'envoi de touristes dans des territoires qu'elle revendique, comme pour coloniser avant l'heure ces nouveaux espaces. Il faut dire qu'assurer le contrôle de nouvelles îles en mer relève tant d'un enjeu symbolique pour les Chinois, que d'un enjeu reposant sur la richesse des ressources disponibles.
Jalon 2 : Des enjeux économiques et géopolitiques considérables pour la Chine et le reste du monde
La conquête spatiale et maritime effectuée par la Chine ne relève pas que d'un enjeu symbolique. Elle met en place des systèmes de relation complexes avec les autres pays.
La maîtrise des routes maritimes, un enjeu partagé
La Chine est une puissance commerciale maintenant bien affirmée et incontestable. Cependant, elle doit s'assurer que ses exportations de produits manufacturés, au même titre que ses importations de matières premières, trouvent des routes fiables et sécurisées. Cela passe notamment par ce que la Chine appelle depuis 2013 les "nouvelles routes de la Soie", un ensemble de projets d'infrastructures (lignes de chemins de fer, ports) qui visent sur la coopération entre pays pour multiplier les routes d'acheminement.
Exemple
La Chine a investi 2,5 milliards d'euros en Italie pour la modernisation des ports susceptibles d'être des ports commerciaux de transit.
Les investissements multiples réalisés à l'étranger par la Chine témoignent donc d'un rééquilibrage des rapports de force : avec ces sommes colossales, la Chine peut placer sous une certaine dépendance les pays qui bénéficient de ces investissements. Néanmoins, les arguments qui poussent à la réalisation de ce type de projet mettent en lumière l'intérêt partagé de booster ce commerce international.
La souveraineté sur les mers, un enjeu pour les ressources et pour l'armée
La stratégie chinoise de conquête sur les mers est un peu plus contestable. Aujourd'hui, elle dispute avec l'Indonésie, la Malaisie ou encore les Philippines une souveraineté sur la mer de Chine méridionale. Il s'agit d'un espace dans lequel les forces de dissuasion nucléaire chinoise sont stationnées (sous-marins). L'objectif est donc de "coloniser" des îles qui permettraient, dans l'application du droit de la mer, d'étendre la zone économique exclusive de la Chine et ainsi d'assurer une souveraineté sur des territoires maritimes supplémentaire.
Ces ZEE sont également un enjeu sur le plan des ressources, pour un État comme la Chine qui est en forte tension sur la question des matières premières, mais aussi sur la question alimentaire avec 1,4 milliards d'habitants. La volonté de puiser dans les ressources halieutiques notamment, explique des rivalités sur d'autres mers plus au sud. La Chine dispose actuellement d'une ZEE bien plus faible que son territoire terrestre, ce qui la laisse loin derrière les États-Unis, qui à travers leur possession d'îles à travers les océans, bénéficient d'une souveraineté maritime étendue. La question des ressources se pose aussi pour la conquête spatiale, la Lune étant maintenant vue par les Chinois comme un réservoir de titane, d'uranium, voire même de carburant.