Les États-Unis et la question environnementale : tensions et contrastes
Le plus important en quelques mots
Les États-Unis font partie des plus grands pollueurs de la planète : leur activité économique dense met en péril leur environnement propre, mais aussi la santé de la planète. Les politiques publiques oscillent entre acceptation de cet impact climatique, et rejet de toute contrainte extérieure. Et pourtant, les États-Unis surfent aussi sur leur patrimoine naturel pour valoriser certaines pratiques touristiques.
Jalon 1 : L'environnement aux États-Unis
Le territoire des États-Unis est vaste et diversifié. L'organisation en état fédéral et états fédérés a aussi un impact sur les politiques publiques.
Une disparité territoriale dans la gestion environnementale
Les États-Unis, qui représentent plus de 4% de la population mondiale, représentent à eux seuls plus de 15% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Il s'agit du 2ᵉ plus gros pollueur de la planète, juste derrière la Chine (on parle ici de quantité de CO2 rejetée). Les États-Unis sont par ailleurs le premier pays producteur de pétrole.
Les USA sont composés de 50 états fédérés, qui disposent chacun de compétences relatives à l'environnement. Les états peuvent légiférer pour protéger certaines ressources, réaliser des aménagements écoresponsables, et ont également en charge la gestion des parcs d'État. On peut donc considérer qu'il y a cinquante politiques publiques possibles pour la gestion de l'environnement aux États-Unis, qui interviennent soit en complément soit en délégation de la politique nationale (politique fédérale). La décision d'exploiter ou non certaines ressources (comme le gaz de schiste) est une décision nationale.
Une activité économique au détriment de l'environnement
En 1859, la Pennsylvanie voit se développer le premier forage pétrolier de la planète. Pendant la seconde révolution industrielle (qui voit donc l'arrivée du pétrole dans les ressources énergétiques), les USA misent sur un développement de cette production, leur conférant une puissance particulière dans l'économie mondiale, une position toujours conservée aujourd'hui. Mais cette exploitation ne se fait pas sans risque : des cours d'eau sont pollués par les premières exploitations, tandis qu'au XXIe siècle, des accidents peuvent toujours se produire. En 2010, la plateforme Deepwater Horizon explose et provoque la plus importante marée noire de tous les temps, au large de la Nouvelle-Orléans.
Le gouvernement ayant donné le feu vert à l'exploitation du gaz de schiste, son extraction nécessite énormément d'eau, rejetée dans la nature après avoir subi une modification chimique au contact des puits de forage.
Aujourd'hui se pose la question de l'exploitation des ressources en Alaska, un territoire rendu accessible par le dérèglement climatique et la fonte des glaces. Dans une zone où la biodiversité est déjà mise en danger (caribous, ours polaire), l'opportunité de réaliser des forages supplémentaires séduit les compagnies pétrolières. Alors que Joe Biden avait fait campagne sur la protection de l'environnement, il autorise finalement dès 2023 le projet Willow, visant à construire une plateforme de 250 puits de pétrole au nord de l'Alaska. Le poids des lobbys pétroliers aura eu raison des promesses électorales.
Des parcs naturels valorisés
Il est pourtant étonnant de constater que les États-Unis disposent de 62 parcs naturels, qui sont autant d'espaces protégés, ayant pour certains un fort potentiel touristique justement de par leur aspect naturel. Les parcs naturels nationaux sont d'ailleurs de parfaits exemples de coopération entre les états fédérés et l'État fédéral. Le parc naturel national du Grand Canyon, en Arizona, fait partie des parcs classés au patrimoine mondial de l'UNESCO, et accueille plus de 4 millions de visiteurs chaque année. Le concept du "wilderness" visant à mettre en lumière des espaces reculés et protégés, fait partie d'une politique touristique qui ramène également des retombées économiques d'ampleur.
Jalon 2 : Les États-Unis et l'environnement à l'échelle internationale
Les États-Unis défendent une position unique dans les débats internationaux : bien que précurseurs en termes de lutte contre le changement climatique, ils semblent de plus en plus refuser l'autorité des traités internationaux.
Un pays en retrait des grandes questions environnementales...
Depuis les années 1980, les scientifiques américains sont les premiers à alerter sur les effets du dérèglement climatique et l'accélération de celui-ci. Pourtant, les contraintes économiques qu'imposent les grands traités internationaux semblent dissuader les administrations américaines de s'engager dans une réelle diminution de leurs émissions de gaz à effet de serre. En 1997, alors que le protocole de Kyoto est adopté, les États-Unis demeurent le seul pays à ne pas ratifier l'accord. A son arrivée au pouvoir en 2001, le président Bush dénonce un traité qu'il juge "injuste et coûteux". En 2015, les États-Unis se rallient derrière l'accord de Paris sur le climat, adopté pendant la COP21. Mais en 2017, l'arrivée de Donald Trump au pouvoir signe le retrait des États-Unis dans cet accord. En 2021, Joe Biden fait réintégrer les USA dans cet accord, avant tout pour revenir au premier plan des négociations diplomatiques en la matière.
...sur fond de climatoscepticisme
Dans un pays déjà profondément divisé par les inégalités sociales, les différentes origines et les différentes coutumes dans les états, la question climatique est un nouveau facteur de division. Les discours complotistes se multiplient, présentant l'argument climatique comme une simple astuce des puissances rivales pour déstabiliser les États-Unis et les faire reculer sur le plan économique. On entend parfois dire aux États-Unis que le réchauffement climatique est une invention des Chinois pour devenir les leaders mondiaux.
Ce discours climatosceptique est légitimé par le gouvernement de Trump qui voit dans l'exploitation toujours plus importante des ressources la possibilité de maintenir les États-Unis au premier rang des puissances mondiales.
Des comportements porteurs d'espoir
Néanmoins, des voies s'élèvent au sein même des États-Unis pour tenter de revenir au premier plan de la lutte contre le changement climatique. Le système fédéral permet à certains états de mener eux-mêmes des investissements majeurs en faveur d'une transition verte. A ce titre, la Californie vise la production d'une électricité totalement décarbonisée d'ici 2045. Sous le gouvernement de Trump, des états, entreprises ou encore villes se structurent dans un réseau : "we are still in", signifiant qu'ils se considèrent encore dans l'accord de Paris et prêts à mettre en place les engagements initialement signés par le président Obama en 2015.