Le cyberespace : conflictualité et coopération entre les acteurs
Le plus important en quelques mots
Internet repose sur une connexion entre des milliers d'ordinateurs, ce qui permet d'échanger des données, des informations, grâce à des moyens techniques particulièrement développés (satellites, câbles sous-marins, datacenter...). Mais l'existence d'un tel réseau pose la question de sa sécurité : comment s'assurer que les données échangées soient correctement utilisées ? Comment se protéger face à des algorithmes toujours plus puissants ? C'est ce que tu vas tenter de comprendre dans ce résumé.
Jalon 1 : Le cyberespace, entre réseaux et territoires
Le cyberespace est donc un réseau sur lequel interviennent de multiples acteurs, publics comme privés, avec parfois des objectifs controversés.
L'investissement public en faveur d'un réseau mondial
La puissance publique reste historiquement le premier investisseur dans le réseau Internet. Avec leur rôle privilégié dans la conquête de l'espace, les États-Unis, la Russie ou la Chine constituent les trois principaux émetteurs de satellite dans le monde. Plus d'un tiers des satellites actuellement dans l'espace permettent de faire fonctionner les réseaux de communication, dont Internet. Les pays ont également leur compétence majeure dans la légifération autour du cyberespace. Ce sont les états qui font appliquer des lois concernant les contenus en ligne, leur accessibilité, et qui investissent également dans la cybersécurité (lutte contre le hackage).
Exemple
Le gouvernement français, par l'intermédiaire de la CNIL (Commission Nationale Informatique et Liberté) propose en 2023 une loi visant à obliger les sites pornographiques à vérifier l'identité de leur visiteur via un document d'identité, afin de s'assurer que ces visiteurs soient majeurs. Les sites qui ne respecteraient pas la règle seront bloqués en France.
Néanmoins, le rôle des États en matière de gestion du web est également controversée. L'ICANN, organisme chargé d'attribuer les noms de domaine sur Internet, est créée en 1998...par le gouvernement américain, qui en assure la tutelle. Indirectement, les USA sont donc les attributeurs et les gestionnaires de ces noms de domaine, et ce jusqu'à 2016, où l'agence obtient son indépendance face à la pression internationale sur les États-Unis.
Les entreprises, toujours plus puissantes en ligne ?
Dans le monde Internet, les entreprises jouent un rôle de plus en plus important, autant dans leurs investissements techniques que dans leur présence intempestive dans la vie des utilisateurs !
Depuis 2019, les entreprises privées ont la liberté d'envoyer elles-mêmes des satellites dans l'espace. L'entreprise SpaceX sera novatrice en la matière. Les géants du numérique sont en revanche déjà majoritaires dans le dépôt de câbles sous-marins permettant les échanges de données. Ce réseau de câbles relie les différents continents, avec 1,3 million de kilomètres de câbles !
Mais c'est surtout dans leur présence en ligne que les entreprises misent leur puissance, et surtout inquiètent. Les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) possèdent des algorithmes si puissants qu'ils sont capables d'identifier nos centres d'intérêt, nous proposant du contenu qui semble de plus en plus adapté, mais qui nous oriente aussi encore davantage dans nos choix (publicités de vacances, de vêtements, que nous ne demandons pas mais qui sont le fruit de nos recherches précédentes).
Se pose alors la question de l'opinion : en termes politiques, des entreprises sont spécialisées dans la gestion de l'opinion sur Internet. L'agence Cambridge Analytica indique utiliser les données du web pour influencer l'audience. Ils sont accusés d'avoir également transmis des fausses informations pendant le Brexit ou la campagne américaine de 2016, pour faire basculer l'opinion.
La cybersécurité, un enjeu d'aujourd'hui et de demain ?
Le contrôle des données personnelles (à travers les données numériques) devient alors un enjeu de pouvoir dans le cyberespace. Si les gouvernements investissent dans la cyberdéfense pour protéger leurs données propres (les données du gouvernement, des administrations publiques) mais aussi celles des hôpitaux, des virus toujours plus nombreux touchent les particuliers et les entreprises. Lorsque l'utilisateur ouvre une pièce jointe sans se soucier du danger, un logiciel de virus infecte l'ordinateur et bloque l'accès aux fichiers. La clé de déverrouillage n'est communiquée qu'après le paiement d'une rançon.
Les attaques les plus marquantes de la période récente touche des entreprises : le logiciel Microsoft Exchange, outil de messagerie, est touché par une cyberattaque en 2021, tout comme les supermarchés Coop qui, en Suède, ont dû fermer boutique plusieurs jours.
La question du lien entre des organisations criminelles de cyberattaque et des gouvernements est plus que d'actualité. Le virus Wannacry est suspecté de venir de Corée du Nord, une dictature dont le fonctionnement intérieur est bien inconnu du reste du monde... Le gouvernement russe est pointé du doigt dans la manipulation de l'opinion, notamment en faveur de Donald Trump en 2016, sans qu'il n'y ait de preuve formelle pour l'instant.
Pour lutter contre les cyberattaques mondiales, un pays comme la Chine développe son propre intranet : un réseau de câbles permet de développer un Internet 100% chinois qui ne subit pas d'entrées ni de sorties des données étrangères. Cela se fait bien sûr au prix d'une maîtrise déjà très affirmée et assumée de l'information en Chine, qui passe par la censure...une censure aisée, si le réseau Internet chinois est complètement coupé du cyberespace mondial.
Jalon 2 : Cyberdéfense, entre coopération européenne et souveraineté nationale, le cas français
La France tente d'assumer une position singulière dans la cyberdéfense, indépendamment des grandes puissances du numérique.
La cyberdéfense à la française
La cyberdéfense, ou cybersécurité, est organisée directement par le ministère de la défense. L'administration française tente de trouver une voix entre deux stratégies opposées : celle des États-Unis qui mise sur la toute-puissance des entreprises privées (GAFAM), et celle de la Chine, basée sur le contrôle total des informations et un réseau qui ne dépasse pas ses frontières. Côté français, il est donc question de développer une stratégie qui sécurise l'utilisateur sans le priver de ses libertés individuelles et sans laisser les entreprises accéder à des informations importantes sur ses clients.
L'État français organise sa cyberdéfense surtout en lien avec les attaques qui le visent : l'État soupçonne d'autres États de tenter d'accéder aux informations de l'armée dans le cadre de ses interventions à l'extérieur. Par ailleurs, de nombreuses attaques visent les administrations publiques, et notamment les plus vulnérables, c'est-à-dire les mairies. En mars 2023, la mairie de Lille, 4e agglomération française, est victime d'une attaque par des hackers ayant dérobé des informations sur les citoyens. Fin 2022, les hôpitaux de Corbeil-Essonnes et de Versailles sont eux aussi victimes d'attaques demandant des rançons.
Enfin, la France mise sur la recherche et sur le travail des universitaires pour porter de nouvelles stratégies de cyberdéfense. Un pôle d'excellence s'est installé sur l'agglomération parisienne, qui comprend le siège d'institutions spécialisées dans la cybersécurité, des centres de recherche, et des centres de formation.
La France, au cœur d'une coopération européenne
La France subit les mêmes attaques que d'autres pays européens. Cela permet donc d'imaginer des coopérations entre les différentes agences nationales de cybersécurité, notamment en Allemagne et au Royaume-Uni. L'Estonie, premier État frappé par une attaque en 2007, travaille avec la France depuis 2010. En 2018, l'Union européenne vote pour une politique commune de cyberdéfense.
La France s'appuie également sur l'OTAN pour partager sa stratégie de cyberdéfense. L'Organisation du Traité de l'Atlantique-Nord crée un centre d'excellence pour la cyberdéfense en 2008.
