Exploiter, préserver et protéger

Le plus important en quelques mots

Alors que l'être humain pensait autrefois que sa société pouvait continuer d'évoluer indépendamment de son environnement, une prise de conscience récente a mis en exergue les interactions entre l'activité humaine et ce qui l'entoure. S'il n'est pas question d'arrêter l'utilisation des ressources offertes par notre environnement, les politiques publiques doivent pour autant mettre sur pied un modèle de développement plus durable, qui ne remette pas en cause la santé de l'environnement.

Qu'est-ce que l'environnement ?

Entre notions scientifiques et détournements du terme, la notion d'environnement est utilisée à des fins multiples.

L'humain et son environnement

La notion d'environnement est une notion à apprécier dans l'entourage de l'activité humaine. Lorsque l'on désigne l'environnement, il s'agit de regarder ce qui nous entoure : les milieux naturels, bien sûr, qui n'ont pas été modifiés par l'homme, mais également les milieux ayant déjà subi des changements et des aménagements. L'environnement peut donc être autant rural (la campagne) qu'urbain (en ville).

L'humain et la modification de l'environnement

Ce qui attire l'œil des sociétés contemporaines, c'est justement l'impact que l'être humain va avoir sur son environnement. Avec une population mondiale qui dépasse maintenant les 8 milliards d'habitants, les besoins sont plus nombreux. Il est nécessaire de puiser dans les ressources (l'eau, les terres cultivables) mais également d'aménager le territoire pour accueillir ces populations supplémentaires. A cette augmentation s'ajoute d'ailleurs une tendance à l'urbanisation : 56% de la population mondiale vit en ville, ce qui se traduit par l'étalement urbain : les villes s'étendent sur la campagne alentour, modifiant profondément l'environnement.

Une prise de conscience accrue

Depuis le début du XXIe siècle, les acteurs civils et politiques semblent avoir pris conscience des interactions massives entre l'être humain et son environnement. Les sociétés et leur environnement suivent un rythme commun et doivent être étudiés communément. En 2002, Jacques Chirac prononce sa célèbre phrase : "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs". Elle illustre parfaitement l'imaginaire passé selon lequel l'environnement était indépendant de l'activité humaine, ce qui n'est pas le cas.

Aujourd'hui, l'activité humaine inquiète les spécialistes de l'environnement sur plusieurs sujets (et la liste pourrait encore être complétée !) :

• L'accroissement des besoins alimentaires met en danger la fertilité des terres
  
• L'étalement urbain repousse la biodiversité et sacrifie des terres cultivables qui auraient pu être nécessaires
• La déforestation fait diminuer peu à peu les forêts, poumons de la terre et aussi source de biodiversité
• Les activités rejetant du carbone (déplacements, industries) sont responsables du dérèglement climatique, avec des conséquences multiples notamment sur le niveau des mers et des océans.

Jalon 1 : Exploiter et préserver une ressource naturelle, la forêt française depuis Colbert

La forêt fait souvent l'objet de conflits d'usage : loisirs, exploitation du bois, espaces de calmes... ses usages sont multiples, et les espaces forestiers sont comptés.

Une forêt croissante

Contrairement aux idées reçues, le nombre de forêts est en augmentation en France depuis le Moyen-Âge. C'est le fruit d'une politique publique engagée dès 1669 sous Louis XIV, et concrétisée par l'ordonnance Colbert, du nom de Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des finances et principal ministre du Roi-Soleil. L'ordonnance vise à limiter et à délimiter les espaces où la forêt peut être exploitée. A cette époque, le pouvoir prend conscience de la nécessité de produire durablement du bois pour répondre notamment aux besoins de construction, et particulièrement de la construction navale, dans un cadre où les explorations à travers le monde se multiplient. A l'heure actuelle, 31% du territoire français est recouvert de forêt.

La forêt, un espace économique

La filière bois représente une valeur ajoutée d'environ 26 milliards d'euros, et génère 440 000 emplois en France. Le bois est utilisé pour les constructions (maisons en bois, charpentes), pour l'industrie (la production de papier notamment) et pour le chauffage.

Pour organiser cette filière de façon durable, l'État crée l'ONF (office national des forêts) en 1964. Cet organisme a la responsabilité d'organiser la filière pour fournir du bois à la société : chaque année, l'ONF autorise le prélèvement dans les forêts publiques de 15 millions de mètres cubes de bois, à travers plus de 500 contrats d'exploitation signés avec des entreprises. L'ONF a également la responsabilité de protéger les forêts à travers un entretien régulier et une gestion de ses accès qui permettent d'éviter les risques naturels (les incendies).

La forêt, un espace promu ?

Derrière la pure activité économique se développe également une activité de sensibilisation face aux enjeux de la forêt : enjeux économiques et enjeux liés à la biodiversité. Les parcs naturels régionaux abritent pour beaucoup de la forêt (parc naturel régional des Cévennes, du Mercantour, des Pyrénées) : dans ces parcs, une gouvernance particulière est mise en place pour assurer la protection de l'environnement mais aussi sa promotion touristique et économique. En associant les différents échelons de collectivités (communes, communautés de communes, départements, régions) dans la gouvernance du parc, le parc devient un outil supplémentaire de protection et de promotion de la forêt.

Les attentes semblent d'ailleurs de plus en plus nombreuses vis-à-vis de la forêt, comme en témoigne l'aménagement de parcs dans les espaces urbains (bois de Vincennes, bois de Boulogne), amenés à être un vivier de calme et d'air pur pour les citadins.

Jalon 2 : Révolutions néolithique et industrielle, deux ruptures ?

L'évolution des méthodes de production se traduit souvent par une évolution des interactions entre l'être humain et son environnement.

Le néolithique, une implantation de l'humain dans son environnement

La révolution néolithique intervient environ 10 000 ans avant JC : il s'agit d'une rupture avec la période du paléolithique. Alors qu'avant les humains étaient nomades, chassaient et cueillaient, la révolution néolithique voit la société se sédentariser. Des premières maisons sont construites, d'abord au Proche-Orient, puis en Chine, en Nouvelle-Guinée et en Afrique. Cette sédentarisation se traduit par une domestication des animaux : c'est le début de l'élevage, et également de la culture. Avec la révolution néolithique, on peut donc dire que l'être humain s'implante dans son environnement (il y vit de façon permanente) et se l'approprie (utilisation des animaux et des terres). Le néolithique est une période de destruction des forêts, passant parfois par des incendies volontaires, afin de tirer profit de nouvelles terres, de nouveaux espaces.

La révolution industrielle, vers une modification profonde de l'environnement

La première révolution industrielle débute en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle, et se traduit par l'utilisation des ressources fossiles comme le charbon. A partir de 1870 en Europe, le pétrole est lui aussi utilisé. Cette période d'industrialisation massive est vue comme une période d'expansion économique et démographique, mais n'est pas sans conséquence sur l'environnement. Pour répondre aux enjeux de la mécanisation dans les usines, l'activité humaine prélève donc des ressources qui sont épuisables (charbon et pétrole) et qui génèrent une pollution massive. Dès le début du XIXe siècle, une partie de la population s'interroge sur les conséquences sanitaires que peuvent avoir l'implantation d'une usine.

L'industrialisation traduit également une évolution de la société : les villes sont aménagées pour répondre aux besoins des usines. Certains territoires font office de véritable cité ouvrière.

Enfin, dans l'expansion démographique (la population s'accroît), il faut trouver le moyen de produire davantage, notamment sur le plan alimentaire. Les premiers engrais chimiques font leur apparition pour booster les récoltes, mais dégradant alors la fertilité des sols.