Troisième République, le long chemin d'une démocratie stable

​​Le plus important en quelques mots

Dans cette leçon, tu vas découvrir les débuts de la Troisième République (1870-1940). C'est avec elle que naissent plusieurs fondamentaux qui perdurent encore sous la Cinquième République (celle sous laquelle tu vis actuellement). C'est le cas de la fête du 14 juillet, de l'hymne national (La Marseillaise) ou encore de la séparation des Églises et de l’État.

La IIIᵉ République, une naissance difficile (1870-1879)

Royalistes, communards et républicains

La République est proclamée le 4 septembre 1870 suite à la chute du Second Empire de Napoléon III (1852-1870) et à la défaite de l'armée française face à la Prusse. Mais les débuts de la IIIᵉ République sont difficiles et incertains. D'une part, à la sortie des premières élections, les royalistes sont majoritaires. Ils sont particulièrement critiques vis-à-vis de la République.

D'autre part, les révolutionnaires de la Commune de Paris refusent l'autorité du gouvernement, bien que celui-ci soit issu d'élections démocratiques. L'insurrection de la Commune a été violemment réprimée par Adolphe Thiers, qui était alors le "chef du pouvoir exécutif de la République française", c'est-à-dire qu'il était en même temps le chef de l'État et du gouvernement.

Les lois constitutionnelles de 1875

Malgré ces oppositions, la République s'impose. En 1875, des lois constitutionnelles organisent enfin un régime parlementaire, dominé définitivement par les républicains à partir de 1879. La vie démocratique est rythmée par des élections organisées régulièrement à différentes échelles (communes, cantons...). Elles sont majoritairement remportées par les républicains.

La conquête de l'espace démocratique français (1879-1899)

Des lois, des libertés et des symboles

Le vote des grandes lois républicaines par le Parlement permet d'établir la liberté d'expression, la liberté de la presse (1881) et la liberté syndicale (1884).

Plusieurs symboles permettent d'imposer une culture politique qui conquiert l'espace public. C'est le cas de la figure féminine de Marianne, dont la statue représente la République, ou de l'hymne national, La Marseille, qui est enseignée et chantée lors des commémorations publiques. L'organisation de fêtes comme celle du 14 juillet permettent de célébrer la République.

La construction de mairies et de casernes qui émaillent le paysage de l'Hexagone permet de rapprocher le pouvoir politique de la population.

Place de la République à Paris  

L'école de la République

L'école devient l'outil principal pour diffuser les principes, des valeurs et des symboles de la République. Ils y sont montrés, enseignés et intégrés au schéma de valeur des jeunes Français. Jules Ferry (1832-1893), ministre de l'Instruction publique à plusieurs reprises entre 1879 et 1883, fait voter des lois qui établissent l'école primaire gratuite, laïque et obligatoire entre 1881 et 1882.

Portrait de Jules Ferry.

Les crises de la IIIᵉ République

Pour autant, la Troisième République affronte plusieurs crises comme celle de l'affaire Dreyfus (1894-1906). Alfred Dreyfus (1859-1935) est un Français d'origine alsacienne et de confession juive. Il est officier de l'armée. Il est accusé de trahison pour avoir transmis des informations secrètes au gouvernement de l'Empire allemand. En réalité, il s'agit d'un complot contre sa personne et il est la victime d'une erreur judiciaire. Cette affaire divise fortement la société française dans une ambiance d’antisémitisme exacerbé. Emile Zola prendra la défense de Dreyfus dans une lettre ouverte, J'accuse, publiée dans la journal l'Aurore en 1898 et dans laquelle il dénonce les incohérences de l'enquête.

Certains opposants au régime parlementaire font valoir leur avis avec une extrême violence. Ainsi, le président de la République Sadi Carnot est assassiné par un anarchiste en 1894. Il était au pouvoir depuis 1887.

Le scandale du Panama (1892-1893) eut également un impact retentissant sur la Troisième République, en éclaboussant plusieurs hommes politiques et industriels français autour de soupçons de corruption dans le cadre de la construction du canal du Panama.

Portrait d'Émile Zola.

L'apogée de la République (1899-1914)

Un régime politique solidement enraciné

Dans les années 1900, la République a su surmonter les crises et emporte le soutien d'une grande majorité des Français, qui adhèrent aux valeurs républicaines. À la veille de la Première Guerre mondiale, la République fait presque consensus au sein de la société française.

La séparation des Églises et de l’État

En 1905, une loi de séparation des Églises et de l’État est votée. Elle garantit la liberté de conscience pour tous. C'est le principe de la laïcité, c'est-à-dire de la neutralité à l'égard de toute croyance. Les catholiques y sont opposés, mais l'adhésion républicaine demeure majoritaire.

À retenir

Dates

4 septembre 1870 : proclamation de la Troisième République.
18 mars-28 mai 1871 : Commune de Paris.

1875 : lois constitutionnelles. Début d'un régime parlementaire.
1881 : liberté de la presse.

1881-1882 : lois Ferry pour une école primaire obligatoire, laïque et gratuite.

1884 : liberté syndicale.

1894 : assassinat du président de la République Sadi Carnot.

1905 : loi de séparation des Églises et de l’État.

Définitions

Anarchisme : idéologie hostile aux lois et à l’État, idéologie qui prône une société sans État.

Antisémitisme : haine envers les Juifs.

Commune de Paris (18 mars-28 mai 1871) : tentative de révolution du peuple parisien contre le gouvernement à majorité monarchiste issu de l'Assemblée constituante, projet de démocratie directe à tendance communaliste, qui font suite à la défaite de la France face à la Prusse.

Parlementarisme : régime politique dans lequel le Parlement contrôle le pouvoir exécutif et réciproquement.

Personnages

Adolphe Thiers (1797-1877) : avocat, journaliste, historien et homme d’État français d'obédience monarchiste.

Jules Ferry (1832-1893) : ministre de l'Instruction publique sous la IIIᵉ République.

Alfred Dreyfus (1859-1935) : militaire français d'origine alsacienne et de confession juive, accusé à tort de trahison. Il a finalement été réhabilité en 1906 après des années d'exil et un long combat judiciaire.