Condition de la femme au XIXᵉ siècle
Le plus important en quelques mots
Au XIXᵉ siècle, les femmes sont considérées comme des individus inférieurs aux hommes. Comme tu vas pouvoir le constater, des inégalités règnent entre hommes et femmes dans le monde du travail et au regard de la loi. Elles sont notamment exclues de l'exercice des droits politiques. Certaines figures émergent et s'engagent pour une égalité salariale homme/femme et en faveur de l'ouverture du droit de vote aux femmes.
Les femmes : des épouses et des mères de famille
L'éducation des filles
Au XIXᵉ siècle, l'éducation des filles, peu importe leur origine sociale, consiste à les préparer à leurs futurs rôles de mères et d'épouses. Dans la première partie du XIXᵉ siècle, les filles ne sont pas scolarisées, contrairement aux jeunes garçons. C'est l'éducation religieuse, au travers des congrégations, qui assure l'essentiel de l'instruction des filles.
Il faudra attendre le Second Empire, avec la loi Duruy (1867), qui oblige toutes les communes de plus de 500 habitants à se doter d'une école primaire de filles, pour que ces dernières accèdent à une instruction basique. Sous la Troisième République, les lois de Jules Ferry, ministre de l'Instruction publique, promulguées en 1881 et 1882, instaurent un enseignement gratuit, laïc et obligatoire de 6 à 13 ans pour les filles comme pour les garçons.
Portrait de Jules Ferry
Un statut subalterne
L'inégalité entre les hommes et les femmes était inscrite dans la loi. En effet, le Code civil napoléonien de 1804 prévoyait l'incapacité civile des femmes mariées : elles étaient considérées comme des mineures soumises à l'autorité de leur père ou de leur mari. Jusqu'en 1884, le divorce leur est interdit, tandis que les relations hors mariage étaient punies de peines de prison.
Le Code civil napoléonien
Les inégalités dans le monde du travail
Des activités faiblement rémunérées
Au XIXᵉ siècle, de plus en plus de femmes travaillent dans les usines. Pour autant, le modèle de la femme au foyer domine. Nombreuses sont les femmes qui choisissent de travailler chez elles, en faisant des travaux de couture par exemple. Ces activités sont peu rémunératrices, tandis qu'elles sont considérées comme un simple complément au salaire masculin.
Des carrières limitées
La séparation des tâches et des métiers entre les sexes est particulièrement marquée. Les femmes demeurent cantonnées dans certains domaines : les travaux agricoles, l'industrie textile et celle du papier, ou encore les travaux domestiques.
Leurs opportunités s'élargissent à la fin du XIXᵉ siècle, sous la Troisième République, qui met en place une formation dédiée aux femmes afin d'en faire des institutrices. La loi Paul Bert (1879) crée des Écoles normales d'institutrices dans tous les départements. Ces établissements, qui s'appuient sur la supposée "nature pédagogique" des femmes, leur apprennent à dispenser un enseignement spécifique pour les jeunes filles.
Travaux de couture
De timides avancées législatives
À la fin du XIXᵉ siècle, la place croissante des femmes dans le monde du travail est légiférée. En 1892, une loi limite leur temps de travail à 11 heures par jour. Le congé maternité voit le jour en 1909 sous l'impulsion du député Fernand Engerand : la loi accorde alors un congé de huit semaines, mais ne prévoit pas de rémunération. Les institutrices sont les premières à obtenir la rémunération en intégralité de leur congé maternité (1910).
Les femmes, exclues de la sphère politique
Un suffrage universel uniquement masculin
Sans droit civique, une femme était avant tout une épouse et une mère au foyer. Tout au long du XIXᵉ siècle, si les hommes acquièrent de plus en plus de droits dans la sphère politique, les femmes en sont totalement exclues. Pourtant, dès 1848, la question du vote féminin se pose avec insistance lors de la mise en place du suffrage universel masculin. Mais, les femmes françaises n'accèderont au droit de vote qu'en 1944.
Suffragisme et féminisme sous la Troisième République
L'instauration de la Troisième République en 1870 relance les débats en faveur du vote des femmes. Le suffragisme et le féminisme prennent un nouvel essor et se développent massivement dans l'opinion publique. Les revendications pour une égalité hommes/femmes se font de plus en plus radicales au fur et à mesure que les femmes occupent de nouvelles places dans la société (institutrices).
Un combat quotidien
Une des figures de proue de ces mouvements est Hubertine Auclert (1848-1914). Cette journaliste entraîne l'action féministe dans les bureaux de vote, que les suffragettes envahissent pendant les élections. Elle publie des articles de presse relatant ses convictions, partagées par des femmes et des hommes.
À ses côtés, d'autres figures féministes se battent pour l'égalité, comme Séverine (de son vrai nom Caroline Rémy, 1855-1929), journaliste et première directrice d'un quotidien français ; ou encore Sarah Bernhardt (1844-1923), comédienne qui démissionne de la Comédie-Française en raison de l'écart de salaire entre les hommes et les femmes.
Portrait de Sarah Bernhardt.
Marie Curie (1867-1934), si elle s'exprima peu sur les droits des femmes, est un exemple des bienfaits de l'émancipation de ces dernières. En effet, ses études universitaires et ses recherches qui lui valurent deux prix Nobel (1903, prix Nobel de physique ; 1911, prix Nobel de chimie), sont une source d'inspiration pour les combats des femmes.
Portrait de Marie Curie
À retenir
Dates
1867 : loi Duruy sur les écoles primaires pour filles.
1879 : loi Paul Bert sur les Écoles normales d'institutrices.
1881-1882 : lois Ferry sur l'enseignement gratuit, laïc et obligatoire.
1892 : limitation du temps de travail des femmes à 11 heures par jour.
1909 : loi Engerand sur le congé maternité.
1910 : congés maternité pris en charge à 100 % pour les institutrices.
Définitions
Féminisme : ensemble d'idées qui visent à obtenir l'égalité entre les hommes et les femmes.
Suffragisme : mouvement politique favorable au droit de vote des femmes et à leur éligibilité.
Personnages
Hubertine Auclert (1848-1914) : journaliste et suffragette française.
Séverine (de son vrai nom Caroline Rémy, 1855-1929) : journaliste et première directrice de quotidien français.
Sarah Bernhardt (1844-1923) : comédienne.
Marie Curie (1867-1934) : physicienne et chimiste polonaise, naturalisée française par son mariage avec le physicien Pierre Curie en 1895.