Mobilités touristiques internationales et évolutions des pratiques

Le plus important en quelques mots

On dénombrait environ 1,4 milliards de touristes en 2019. De courte comme de longue durée, les déplacements touristiques suscitent de nombreux flux à travers la planète. Ils nécessitent des aménagements, mais génèrent aussi des retombées économiques importantes. Le développement du tourisme est une opportunité, mais laisse aussi entrevoir quelques conséquences négatives.

Des flux touristiques historiques

Des régions du monde privilégiées

Malgré la mondialisation et la multiplication des réseaux de transport, les flux touristiques restent concentrés dans des zones relativement délimitées. Les Etats-Unis et l'Europe restent des destinations privilégiées des touristes internationaux.

La Chine avait suivi le même modèle, mais peine à se remettre de la crise sanitaire du Covid-19. Ces trois espaces géographiques comptaient chacun plus de 35 millions de visiteurs en 2017. Des pays comme l'Australie, le Canada ou l'Inde sont également des destinations importantes.

L'Europe, au-delà d'être une destination privilégiée, est également l'un des principaux foyers émetteurs de flux touristiques.

Des destinations historiques

Les grandes capitales sont toujours des destinations prioritaires, notamment en Europe. Les flux internationaux peinent à se délocaliser dans des espaces nouveaux.

Les classements ou labels se concentrent sur des régions où le tourisme a déjà une grande ampleur. Sur plus de 1000 sites classés au patrimoine mondial de l'UNESCO, l'Europe et l'Amérique du Nord en comptent plus de la moitié, contre moins de 100 sur l'ensemble du continent africain. 

On peut ainsi se demander si les labels ne créent pas un cercle vertueux autour de destinations déjà au cœur des idéaux touristiques.

Les évolutions des pratiques touristiques

Une généralisation du tourisme

Si les destinations restent relativement les mêmes qu'avant, les départs de flux touristiques se multiplient. La baisse des coûts de transport, notamment de l'avion, et la hausse des niveaux de vie, expliquent ce phénomène. Il est important dans les pays émergents, qui participent maintenant aux flux touristiques.

L'élargissement de l'accueil des événements internationaux joue également un rôle dans la généralisation du tourisme. L'accueil d'événements comme les Jeux Olympiques provoquent des flux venant de tous les pays, et des retombées dans la durée qui sont difficilement quantifiables.

Exemple

L'accueil des Jeux Olympiques à Rio en 2016 a donné une visibilité supplémentaire au Brésil, qui a pu développer des activités économiques pendant et après l'événement. La menace persiste en revanche sur l'accroissement des inégalités.

Repousser les limites

Une demande forte réside aujourd'hui sur des espaces touristiques a priori difficilement accessibles. Proche des cercles polaires, la fonte des glaces ouvre certaines routes maritimes. Cela pose la question de l'accélération des dommages causés à des zones déjà mises en danger par le changement climatique.

Exemple

Le Groenland capte aujourd'hui de plus en plus de flux touristiques, en organisant des croisières en mer de Baffin ou en mer du Groenland. Le terme de "croisière polaire" est utilisé par les tour-opérateurs.
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En montagne, l'accroissement des tentatives d'escalade du Mont Blanc (France) ou même de l'Everest (Népal) sont le théâtre d'accidents gravissimes, dus à la surfréquentation et au manque d'entraînement de certains touristes.

Avec les projets de tourisme spatial, les plus riches cherchent aujourd'hui à repousser encore un peu plus les limites de cette activité.

Un tourisme responsable en plein élan

Heureusement, la tendance du tourisme responsable, et particulièrement de l'écotourisme, se développe également. Il s'agit d'une forme de tourisme plus proche de la nature, misant sur les mobilités douces, le peu d'infrastructures et la sensibilisation des touristes aux enjeux environnementaux.

Exemple

En autorisant le camping sauvage, la Norvège souhaite rendre la nature accessible mais sans y construire d'infrastructures conséquentes.

Un tourisme entre authenticité et malaise

Un tourisme expérientiel en question

Les touristes internationaux demandent aujourd'hui davantage d'authenticité dans leur voyage. Des tour-opérateurs proposent ainsi des visites guidées, voire même une nuit, dans des bidonvilles. C'est le cas aux Philippines, au Brésil ou encore en Inde. Des voyageurs viennent à la rencontre des plus pauvres pour voir comment ils vivent.

Le "dark tourisme" désigne également la pratique touristique qui vise à visiter des endroits historiquement terribles. La visite des camps de concentration, ou encore de la zone irradiée de Tchernobyl, s'inscrit sur un difficile équilibre entre devoir de mémoire et immoralité.

Exemple :

La visite payante du camp d'Auschwitz est controversée : il s'agit de développer une activité économique sur un lieu où plus d'un million de personnes ont perdu la vie.

Le tourisme expérientiel peut néanmoins être très positif, en partageant au visiteur les coutumes locales et les richesses culturelles et humaines d'un territoire.

Des flux non contrôlés

Les flux de population massifs qui arrivent dans les destinations touristiques ont aujourd'hui tendance à perturber le modèle local. Des aménagements sont prévus spécifiquement pour les touristes et dénaturent l'authenticité d'une ville ou d'un village.

L'activité touristique est également génératrice de gaz à effet de serre, du fait de ces aménagements ou des voyages qui sont effectués en avion pour parfois un court séjour.

Les destinations touristiques sont parfois en pleine crise du logement, car les logements saisonniers sont massifs. Les habitants à l'année ne parviennent plus à se loger.

Exemple

A Saint-Malo (Bretagne), la commune est obligée d'interdire certaines locations saisonnières.

Des modèles économiques à questionner

L'activité touristique de masse permet le développement de certains territoires, avec la création d'emplois notamment dans l'hôtellerie et la restauration. Malheureusement, dans certains pays émergents, le tourisme laisse encore entrevoir une redistribution trop légère des richesses, qui restent concentrées aux mains des tour-opérateurs et agences des pays développés.

Organiser l'économie d'un pays autour du tourisme est également un risque, car les flux touristiques sont souvent la première victime des crises diplomatiques (guerre, insécurité), sanitaires (pandémie), ou économiques (hausse des coûts de l'énergie).