L'information à l'heure d'internet
Le plus important en quelques mots
Avec Internet, tout le monde participe à l'information. Il t'est possible de tweeter, de publier sur Facebook, des informations dont tu as connaissance, ou de partager des informations qui ont attiré ton attention sur d'autres pages. Aujourd'hui, Internet est un outil privilégié de nombreux acteurs, notamment gouvernementaux, pour orienter leur communication et leur discours, sans subir le traitement médiatique ou orienté de certains journaux ou chaînes de télévision. La problématique réside néanmoins aujourd'hui dans la décontextualisation et le sens caché que peuvent avoir des "tweets", qui provoquent plus de polémiques que d'informations.
Jalon 1 : Vers une information fragmentée et horizontale
En 2018, on dénombre 4,4 milliards d'internautes dans le monde. Si la diversité du droit dans les différents pays ne permet d'avoir 4,4 milliards d'informateurs, une bonne proportion d'entre eux a en tout cas un certain pouvoir conféré par leur liberté d'expression ! Avec des aspects positifs et négatifs.
Tous informateurs, un risque ?
La prédominance des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter rend difficile le filtrage de l'information. D'un côté, ces nouvelles plateformes sont indispensables, car elles constituent un moyen qu'ont les gens de s'informer. De l'autre, la capacité de publier laisse entrevoir des dérives : toutes les informations partagées sont-elles vraies ? Toutes les informations partagées peuvent-elles être contredites ?
Dans ton travail scolaire, tu dois être habitué à vérifier les sources, à en chercher plusieurs, à les comparer, lorsque tu prépares un exposé notamment. Ce travail est d'autant plus important à l'ère des réseaux sociaux, qui véhiculent un certain nombre de "fake news". Avec la vitesse du partage de l'information, une simple rumeur peut être affirmée comme vraie, sans être vérifiée. D'autres acteurs publient volontairement des fake news pour orienter l'opinion. Dans le cadre du mandat de Donald Trump, un combat acharné opposait le président aux médias traditionnels, chacun accusés de véhiculer des fake news. Aujourd'hui, les députés peinent à légiférer sur le sujet, car contrôler davantage l'information est aussi un risque pour la liberté d'expression.
Internet, pour une communication en direct
L'exemple de Donald Trump, dont l'utilisation excessive de Twitter a fait beaucoup parler, cache en réalité une réelle tendance des personnalités (politiques, sportives, culturelles), à s'exprimer maintenant en dehors de la sphère médiatique traditionnelle. En publiant un post, un acteur politique exprime un ressenti, une opinion, qui ne subit aucun filtre de la part de la presse, mais également aucune contradiction. Là où les chaînes de télévision ont encore l'obligation de mettre en place un débat entre plusieurs acteurs (si un invité s'exprime en plateau, il doit pouvoir être contredit), ce n'est pas dans le cas sur les réseaux sociaux.
Sur le plan politique, les débats de l'hémicycle se retrouvent par réseaux interposés, chaque élu se répondant, avec parfois une violence verbale condamnable.
Mais derrière les travers de l'utilisation politique des réseaux sociaux, se cache aussi une stratégie intéressante et moderne du combat politique : le lancement sur TikTok ou YouTube de certaines personnalités politiques donnent lieu à des images parfois surprenantes, mais qui ont le mérite de toucher un auditorat parfois désintéressé des médias traditionnels.
Exemple :
Début 2023, le président Macron possède 4 millions d'abonnés sur TikTok.
Le président Macron sur TikTok !
Une information horizontale...pas partout
La notion d'information horizontale désigne donc ce phénomène par lequel les internautes communiquent et s'informent entre eux. Cela suppose une liberté d'expression qui n'est pas encore systématique : dans de nombreux (grands) pays, la communication et l'information sont toujours contrôlées. La Chine ne donne d'ailleurs pas accès aux réseaux sociaux que tu connais : Facebook ou Twitter sont censurés en Chine, car jugés dangereux pour le pouvoir en place. La Russie exerce aussi un suivi des réseaux et tente de recentrer l'information sur les canaux officiels (télévision d'Etat). Dans plusieurs pays et particulièrement en Inde, Internet est parfois même volontairement coupé.
Jalon 2 : Témoignages et lanceurs d'alerte
Qu'est-ce qu'un lanceur d'alerte ?
Un lanceur d'alerte est défini comme une personne qui, de manière désintéressée, va dévoiler un fait, un crime, une fraude, dont il a connaissance de par sa position, son métier. La fonction du lanceur d'alerte est donc dangereuse, notamment professionnellement, pour celui qui risque de rentrer en conflit avec son entreprise... ou son gouvernement ! Première grande affaire de lanceur d'alerte, Edward Snowden dévoile en 2013 l'existence d'un réseau d'espionnage au sein de la CIA. Poursuivi par les Etats-Unis, il est aujourd'hui réfugié en Russie.
La puissance d'Internet rend aujourd'hui possible le principe du lanceur d'alerte. Il n'y a plus besoin d'avoir un espace médiatique, une interview, une présence dans un journal, pour partager une information clé. En ce sens, Internet permet d'éviter la censure.
Légiférer autour des lanceurs d'alerte
Néanmoins, la loi peine à faire son chemin, avec un arbitrage délicat entre la protection des lanceurs d'alerte, la protection d'éléments privés qui doivent rester confidentiels. Aujourd'hui, la loi tente de protéger le lanceur d'alerte en lui garantissant, lorsque cela est possible, l'anonymat, et en le préservant des représailles qui pourraient être faites en entreprise (licenciement). Lorsque l'information divulguée est jugée essentielle, le lanceur d'alerte ne peut pas être civilement ni pénalement responsable. En somme, il ne peut donc pas être attaqué en justice. Néanmoins, certaines informations doivent rester secrètes ! La loi protège notamment le secret médical, le secret défense (les informations stratégiques de l'Etat en lien avec l'armée), et les relations entre un avocat et son client.
Jalon 3 : Les théories du complot, comment trouvent-elles une nouvelle jeunesse sur Internet ?
Des croyances anciennes...
Les théories du complot désignent tout un ensemble de croyances dans lesquelles les acteurs remettent en cause un fait, un phénomène, ou bien dénoncent le caractère organisé et prévu de celui-ci. Par exemple, certains théoriciens complotistes avancent l'idée que les premiers pas de Neil Armstrong sur la Lune ont été tournés en studio. Les attentats du 11 septembre 2001 font l'objet de multitudes de vidéos et de reportages en lignes qui tentent de montrer l'organisation par le gouvernement américain de cet attentat. La différence entre ces deux exemples, c'est peut-être déjà l'évolution des moyens de communication entre ces deux époques : au XXIe siècle, Internet permet de diffuser des idées qui vont à l'encontre de l'information officielle.
Neil Armstrong marche sur la Lune le 21 juillet 1969
...qui deviennent systématiques
Le complot se démarque et trouve une voix justement dans sa rupture avec les canaux officiels de communication. Ceux qui vont croire aux complots sont souvent ceux qui refusent que la communication soit orchestrée par le pouvoir en place, ou par un nombre restreint de médias. L'exemple de la crise sanitaire est le plus flagrant : alors même que des enquêtes sont en cours pour démontrer l'origine du virus, des internautes affirment déjà que le virus du Covid a été fabriqué en laboratoire pour contaminer la planète et provoquer le confinement, l'absence de liberté. Ces théories sont d'autant plus suivies qu'elles se diffusent dans un cadre où justement le confinement a été particulièrement éprouvant pour les populations, voire incompréhensible.
La multiplication des théories du complot trouve une certaine logique dans un contexte de défiance de plus en plus importante du discours politique et officiel. Si les individus se sentent parfois trompés (promesses politiques non tenues) ou non écoutés, ils attisent de la méfiance. Les théories du complot constituent une forme de cette méfiance.