Essor et déclin des puissances : un regard historique
Le plus important en quelques mots
La puissance est difficile à définir : elle peut s’exercer par plusieurs biais, qu’ils soient militaires, économiques, culturels… On remarque d’ailleurs que les formes de puissance peuvent évoluer et avoir plus ou moins d’importance dans leur contexte historique. Dans cette leçon, essayons de voir quelles sont les formes de puissance et comment un État construit sa puissance.
Introduction : les caractéristiques de la puissance
Donner une définition générale
La puissance peut se définir par la capacité d’un État, ou d’une institution, à faire un certain nombre de choses, voire à imposer un certain nombre de choses. Par exemple, un État puissant pourra par exemple avoir une influence sur une grande entreprise qui souhaite s’installer dans cet État : c’est la capacité de faire faire. La puissance passe aussi par l’autonomie d’un État : un État qui parvient à développer des activités de façon indépendante apparaît plus puissant.
La puissance militaire
La puissance peut donc s’appuyer sur plusieurs critères : la puissance militaire en est un. On va chercher à la quantifier par les forces militaires humaines, mais également les dépenses en armement. Les États-Unis sont aujourd’hui le pays qui dépense le plus dans l’armement, devant la Chine, qui investit de plus en plus. La puissance militaire s’observe enfin par la répartition des forces sur la planète : les États-Unis disposent là aussi de nombreuses bases militaires à travers le monde, et déploient également des soldats dans plusieurs pays.
La puissance économique
Autre penchant de la puissance, la puissance économique semble être aujourd’hui la principale forme d’exercice de la puissance, voire d’influence. La puissance économique va se quantifier grâce au produit intérieur brut (le PIB), c’est-à-dire la valeur de la production. Un État puissant économiquement est bien souvent un État attractif pour les entreprises. La présence sur le sol national de firmes transnationales, qui y établissent leur siège, est donc également un fort indicateur de la puissance économique.
Le soft power, forme nouvelle ou ancienne de puissance ?
La notion de soft power se développe pendant la guerre froide pour exprimer la renommée et la puissance de l’un des deux blocs dans des domaines culturels (cinéma, littérature), sportifs (la course aux médailles pendant les Jeux Olympiques) ou même technologiques (la course à l’espace). Aujourd’hui, ce soft power semble toujours d’actualité : la puissance d’une langue est à prendre en considération, en regardant dans combien de pays elle est parlée. Le cinéma est toujours un secteur qui influence, et l’on voit de nouvelles productions arriver sur la scène internationale, qui étaient autrefois inaperçues (productions coréennes notamment). La culture et le sport permettent de véhiculer des modèles et des valeurs symboliques mais qui rayonnent à l’échelle internationale.
Jalon 1 : L’Empire ottoman, de l’essor au déclin
L’Empire ottoman rayonne de 1299 à 1922, soit pendant plus de six siècles. Après avoir grandi par acquisition et conquêtes successives, son arrêt et son démantèlement sonnent la fin brutale de cette puissance.
Une construction au fil des siècles
L’Empire ottoman se fonde dans ce que l’on appellerait aujourd’hui la Turquie. Au Moyen-Âge, la question ottomane est d’abord une question de religion : l’empire romain d’Orient, défendant le christianisme, doit faire face aux peuples musulmans qui revendiquent davantage de territoires. La prise de Constantinople (actuellement Istanbul) est un tournant en 1453 qui marque les débuts d’une réelle puissance ottomane.
L’Empire ottoman s’étend peu à peu sur la péninsule arabique : il tisse des liens diplomatiques et commerciaux avec les puissances européennes. L’Empire se structure autour d’une figure, celle du Sultan, mais s’appuie sur une armée forte qui permet de conquérir de nouveaux territoires en Tunisie, en Égypte, en Arménie ou encore en Géorgie. Le règne de Soliman Le Magnifique au XVIe siècle marque l’apogée de l’empire ottoman, inquiétant les puissances historiques européennes.
Un État trop grand ?
Le XIXe siècle marque cependant les difficultés d’affirmation de l’empire ottoman, qui doit faire face à des revendications nationalistes de plus en plus nombreuses. La Grèce fait partie des premiers territoires à se révolter contre la puissance ottomane. Tout autour, les puissances de l’Ouest (en Europe) et de l’Est (la Russie notamment) commencent à revendiquer des terres et à contester l’étalement de la puissance ottomane.
La Première Guerre mondiale sonnera le glas de l’Empire ottoman, qui doit faire face tant à l’ennemi, qu’aux revendications internes. Le génocide arménien de 1915 illustre la tentative de l’empire ottoman de mettre fin aux revendications nationalistes. Sorti perdant de la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman sera démantelé quelques années plus tard, par traités successifs, rendant leur indépendance à plusieurs nations. L’Empire ottoman disparaît totalement en 1922.
Jalon 2 : Une puissance qui se reconstruit après l’éclatement d’un empire : La Russie depuis 1991
L’histoire de la Russie au XXe siècle est avant tout celle de l’URSS : créée en 1922, c’est elle qui devient l’une des deux superpuissances mondiales, sortant vainqueur de la Seconde Guerre mondiale, et jouant avec les États-Unis dans le théâtre de la guerre froide. En 1991, le système éclate et tout est à reconstruire.
La fin de l’URSS
L’URSS, rassemblant autant la Russie que ses états satellites partenaires, peine de plus en plus à affirmer son modèle communiste face au libéralisme des États-Unis. Économiquement, le modèle russe ne tient plus, et la gouvernance est de plus en plus difficile. La chute du mur de Berlin en 1989 illustre les difficultés de l’URSS à maintenir un ordre qu’ils avaient construit à la sortie de la Seconde Guerre mondiale.
En 1991, l’armée tente un putsch contre Mikhaïl Gorbatchev : la prise de pouvoir échoue, mais le pouvoir en place ne parvient pas à trouver une sortie à la crise politique. C’est alors Boris Eltsine qui remporte des élections libres et devient président de la fédération de Russie le 12 juin. La signature des accords de Minsk le 8 décembre 1991 donne naissance à de nouveaux États, leur rendant ainsi l’indépendance face à la Russie. La Biélorussie ou l’Ukraine naîtront de cet accord.
La Russie après l'effondrement de l'URSS.
Reconstruire la Russie
La Russie reste cependant une puissance régionale majeure, à la tête de la communauté des États indépendants. Elle mise sur sa puissance économique pour apparaître au rang des pays émergents (les BRICS), et s’appuie sur ses hydrocarbures : le pétrole et le gaz. Après l’échec culturel et militaire de la guerre froide, la Russie se reconstruit donc en créant une certaine dépendance économique vis-à-vis de ses voisins : la Russie devient le premier pays exportateur de pétrole, et le deuxième pays exportateur de gaz. La Russie s’attache à développer des infrastructures pour commercer avec ces matières (construction de gazoducs) mais renonce peu à peu à sa puissance militaire.
La Russie d’aujourd’hui
L’histoire de la Russie est complexe, tant elle est immédiate ! S’il est avéré que son rapprochement diplomatique avec la Chine ses dernières années permet de créer une alliance « superpuissante » et de renouveler un bloc est majeur, les tensions, d’abord locales, puis avec le reste du monde, sont en constante évolution.
La Russie fait face à des tensions dans la région du Caucase, ou différentes nations réclament plus d’indépendance face à la Russie, notamment en Géorgie.
En 2014, la Russie annexe la Crimée, territoire ukrainien, en s’appuyant sur des mouvements locaux qui demandent leur rattachement à la Russie. En 2022, le début de la guerre en Ukraine, avec l’annexion du Dombass par la Russie de Vladimir Poutine, laisse un flou sur l’avenir de ces deux pays. Si la Russie aspire à travers cette action à redevenir une puissance militaire et à étendre son territoire, elle doit faire face aux sanctions d'autres pays qui tentent d’isoler la Russie sur le plan diplomatique et économique.