La guerre d'Algérie, guerre d'indépendance ou conflit civil ?

​​Le plus important en quelques mots

Dans cette leçon, evulpo t'embarque en Algérie. Cette dernière, conquise en 1830, est une colonie de peuplement comprenant près d'un million d'Européens et 9 millions d'Algériens. Mais ces populations ne sont pas logées à la même enseigne : les Algériens sont faiblement scolarisés, exclus des droits politiques réels et dépendent d'une répartition des terres défavorables. Dans un contexte mondial de décolonisation, dans les années 1920, un mouvement nationaliste algérien se forme. En dépit de manifestations et de revendications fortes (souvent violemment réprimés), la métropole fait la sourde oreille.

Une guerre de décolonisation

La "Toussaint rouge"

L'insurrection algérienne débute en 1954. Au moment de la fête de la Toussaint, le FLN (Front de libération national) qui voit le jour, lance une série de trente attentats quasi simultanés pour revendiquer l'indépendance du pays. Cet épisode a pris le nom de "Toussaint rouge" en raison de la violence meurtrière de ces attaques qui ont eu lieu le 1er novembre. Le gouvernement, surpris par cette attaque, affirme toutefois sa souveraineté sur la colonie. En réponse, il octroie des pouvoirs de police à l'armée qui entame une longue et violente répression. Ainsi, lors de la bataille d'Alger en 1957, 10.000 soldats du général Massu mettent fin aux attentats et utilisent la torture durant cette mission dite de "pacification".

Le retour au pouvoir du général de Gaulle

Malgré la répression, le gouvernement français fait face à une impasse politique. Le général de Gaulle est appelé à la rescousse et reprend le pouvoir. En 1959, le général de Gaulle propose la mise en place de l'autodétermination et laisse donc aux Algériens le choix de leur avenir. Cependant, il affronte une grande résistance de la part des partisans de l'Algérie française. 

L'armée française en Algérie

La vie quotidienne pendant la guerre d'indépendance

Les combattants

Des deux côtés, d'importants moyens sont mobilisés. Le gouvernement recrute des contingents de conscrits, des militaires de métier et fait appel aux harkis. Par ailleurs, près de 1,2 million de jeunes hommes effectuant leur service militaire durant la guerre d'Algérie y sont envoyés entre 1954 et 1962. Ils y prêtent main forte aux militaires déjà sur place. Le FLN quant à lui recrute des combattants dans les maquis et les villes. À l'apogée du conflit, le FLN peut compter sur 50 000 à 60 000 combattants dont des femmes.

Les civils

Parallèlement, le gouvernement encadre la population. Ainsi, de nombreux Algériens sont regroupés dans des camps. Les attentats se font de plus en plus nombreux en Algérie comme en métropole. La répression est particulièrement violente, l'usage de la torture est courant. En métropole, en région parisienne, un couvre-feu est mis en place à l'égard des "Français musulmans d'Algérie" au début du mois d'octobre 1961. La manifestation de protestation lancée par le FLN est interdite. Malgré cela, plus de 30 000 personnes descendent dans les rues. Or la police réprime l'événement en matraquant et en tirant sur la foule. 12 000 personnes sont arrêtées, plusieurs milliers sont blessés et on dénombre 200 morts, les corps sont directement jetés dans la Seine.

Une guerre sans fin

Un conflit qui s'éternise

Les accords d’Évian signés en 1962 instaurent un cessé le feu et débutent le processus d'autodétermination. Pour autant, de nouvelles violences éclatent. L'Organisation armée secrète (OAS) met en place une "offensive généralisée" contre les partisans de l'indépendance.

900 000 "pieds noirs", les Européens d'Algérie, fuient les massacres et les représailles et s'exilent en Europe.

Pieds-noirs d'Algérie

Après l'indépendance, des milliers de harkis sont massacrés. Ils sont considérés comme des traitres par les indépendantistes. Des rapatriements sont organisés vers la France à partir d'avril 1962. Plus de 66 000 harkis en bénéficient.

Soldat Harki

Le référendum

Le 1er juillet 1962, 99,7% des Algériens se prononcent en faveur de l'indépendance lors du référendum d'autodétermination. La guerre particulièrement violente a mis à l'épreuve les sociétés française et algérienne. De nos jours, des conflits de mémoire persistent au sujet de la guerre d'Algérie.

À retenir

Dates

Octobre 1954 : création du Front de libération nationale (FLN) et de l'Armée de libération nationale (ALN).

1er novembre 1954 : déclenchement de la "Toussaint rouge" par le FLN.

Aout 1955 : rappel de 60 000 jeunes soldats. Engagement des appelés du contingent.

12 mars 1956 : loi instaurant les pouvoirs spéciaux de l'armée en Algérie.

Janvier à octobre 1957 : répression sanglante menée par l'armée. De Gaulle est nommé chef du gouvernement.

Mai à juin  1958 : discours du général de Gaulle sur l'autodétermination.

18 mars 1962 : accords d’Évian établissant un cessez-le-feu.

Printemps-été 1962 : arrivée des rapatriés en France.

1er juillet 1962 : indépendance de l'Algérie.

1999 : reconnaissance officielle de la guerre d'Algérie par la France.

Définitions

Autodétermination : droit accordé à une communauté de choisir son statut politique.

Appelé du contingent : jeune Français effectuant son service militaire durant le conflit.

Pacification : rétablissement de la paix dans une région où un pays en guerre.

Rapatriés : désigne, dans le contexte de la décolonisation, une personne née française dans l'un des anciens territoires coloniaux qui rentre en métropole après les indépendances.

Harkis : Algériens musulmans combattant sous l'uniforme français.

"Pieds noirs" : surnom donné aux Européens vivant en Afrique du Nord et rapatriés en France après l'indépendance de l'Algérie.

Personnages

Charles de Gaulle (1890-1970) : militaire, résistant, homme d'État, président de la République française et écrivain français.