Tentative de construction d'un ordre démocratique des nations après 1918

​​Le plus important en quelques mots 

Dans ce résumé, tu vas poursuivre ta découverte de la Grande Guerre et de ses conséquences. Après la signature de l'armistice le 11 novembre 1918, l'heure est au bilan. D'un point de vue démographique, on dénombre 1,4 million de soldats morts pour la France. Économiquement, les destructions matérielles sont particulièrement importantes. Les volontés de pacifisme s'élèvent partout sur la planète pour que de tels conflits n'aient plus lieu d'être. En ce sens, les vainqueurs souhaitent mettre en place un ordre mondial, un organe de sécurité collective, la Société des Nations (SDN) ancêtre de l'ONU.

Droit international et sécurité collective

​​Le discours du président Wilson

Le 8 janvier 1918, tandis que les combats font rage sur le front occidental, le président nord-américain, Thomas Woodrow Wilson s'adresse au Congrès dans un message public proposant 14 directives afin de poser les fondements d'une paix durable. Selon lui, cette dernière est conditionnée par un règlement des questions territoriales en Europe pour lesquelles le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes est indispensable. Cette souveraineté souhaitée des États est conditionnée par la création d'un organisme international permanent qui supplantera la diplomatie secrète des alliances. Il s'agit, en effet, d'assurer un principe de sécurité collective.

La conférence de paix

Entre le 18 janvier 1919 et le mois d'août de la même année, a lieu, à Paris, une conférence internationale de paix organisée par les pays vainqueurs de la Première Guerre mondiale. Cette dernière prépare le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919. Rapidement, quatre chefs d’État, le "Conseil des quatre" impose ses directives. Il est composé de Georges Clemenceau (France), de Woodrow Wilson (États-Unis), de Lloyd George (Royaume-Uni) et de Vittorio Orlando (Italie). Les vaincus ne peuvent ni défendre leurs intérêts ni participer aux discussions.

Les traités de paix ratifiés pendant cette conférence concernent aussi bien l'économie, la diplomatie que les aspects militaires ou territoriaux. Trois empires disparaissent : l'Empire allemand, l'Empire austro-hongrois et l'Empire ottoman, donnant ainsi naissance à la Pologne, la Tchécoslovaquie et à la Yougoslavie.

Un nouvel ordre mondial fragile

​​L'ordre versaillais au prisme des vaincus

Les États vaincus sont jugés responsables du conflit. Par conséquent, le désarmement et la réparation leur sont imposés, tandis que les traités sont signés sans l'avis de l'Allemagne et de ses anciens alliés. Dès lors, les Allemands considèrent que le traité de Versailles est un Diktat. Parallèlement, l'Italie, pourtant membre du "Conseil des quatre" n'obtient pas les territoires désirés, pourtant promis par ses alliés anglais et français. Mécontents, ses dirigeants parlent de "victoire mutilée". Parallèlement, l'Empire ottoman, mécontent de ses nouvelles frontières, déclare la guerre à la Grèce. La signature d'un nouveau traité à Lausanne en 1923 donne naissance à la Turquie.  

Le  "Conseil des quatre"

La création de la SDN

La Société des Nations est créée en 1920. Malgré son ambition, cette dernière apparait comme une institution des vainqueurs. En effet, le Conseil de la SDN, instance en matière de règlement des conflits, ne comporte que quatre membres permanents. Tu devines surement de quels États il s'agit. Paradoxalement, les pouvoirs de la SDN demeurent limités puisqu'elle ne dispose pas d'une armée propre pour intervenir en cas de conflit entre États. (À noter que désormais, l'ONU dispose des Casques bleus, sa force de maintien de la paix ayant pour rôle "le maintien ou le rétablissement de la paix et de la sécurité internationale").

L'isolationnisme nord-américain

En dépit de son implication dans la fin du conflit et au sein de la conférence de la paix, les États-Unis décident de s'isoler de la scène internationale. En effet, les Républicains craignent un engagement permanent de leur pays en Europe. D'autant que plusieurs pays européens sont endettés vis-à-vis des États-Unis dont les banques continuent de prêter des fonds. En mars 1920, le Congrès refuse de signer le traité de Versailles, et donc d'intégrer la SDN. En 1922, la conférence de Gênes instaure un nouvel ordre monétaire, le Gold Exchange Standard ou étalon de change-or. Le dollar américain devient une monnaie de référence face à des monnaies particulièrement fragilisées.

La "der des der" : se reconstruire après la Grande Guerre

​​Une "génération sacrifiée"

La Première Guerre mondiale est une véritable hécatombe : 9 millions de personnes sont mortes. S'y ajoutent les blessés et les mutilés surnommés les "gueules cassées". La notion de "génération sacrifiée" apparait pour qualifier les pertes humaines de la Grande Guerre. Parallèlement, les naissances sont à la baisse, le déséquilibre démographique est de fait particulièrement criant. Les intellectuels y perçoivent un déclin, une décadence de l'Europe.

Tombe du soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe à Paris

Deuils et commémorations

À la fin du conflit, le deuil constitue le quotidien des sociétés qui comptent nombre de veuves et d'orphelins. Le deuil est particulièrement difficile à entreprendre dans le cas des disparus. Les processus de commémorations se multiplient. Ils permettent de gérer le deuil en montrant l'unité nationale. Le 11 novembre devient une date importante au cours de laquelle les cérémonies associent les autorités, des civils et d'anciens combattants. La construction de monuments aux morts, l'inhumation du Soldat inconnu sont autant de reconnaissances du sacrifice des soldats, tandis qu'ils expriment le refus d'un nouveau conflit.

Brutalisation et guerre civile

Pour autant, dans certains pays, la paix ne rime pas avec la fin des violences. Ainsi, en Russie, une guerre civile fait rage depuis octobre 1917. Elle fera 4 millions de morts. En Allemagne, la défaite et le diktat de Versailles sont des épreuves supplémentaires. La volonté de pacifisme ne parvient pas à endiguer la violence qui s'exprime particulièrement dans la politique où l'on constate une véritable brutalisation.

À retenir

Dates

8 janvier 1918 : discours du président Wilson.
Du 18 janvier 1919 au mois d'aout 1919 : conférence internationale de paix à Paris.
28 juin 1919 : traité de Versailles.

1920 : naissance de la SDN.

Mars 1920 : le congrès nord-américain refuse de ratifier le traité de Versailles.

1922 : conférence de Gênes.

1923 : signature d'un nouveau traité à Lausanne, ce qui donne naissance à la Turquie.

Définitions

SDN : Société des Nations, première organisation internationale créée lors de la conférence de paix en 1919 afin de favoriser le désarmement et une pacification des relations internationales.

Congrès : nom donné aux deux chambres législatives aux États-Unis, la Chambre des représentants et le Sénat.

Empires centraux : nom donné à l'Allemagne et ses alliés pendant la guerre.

Réparations : matières premières, produits finis, argent qu'un pays vaincu doit verser au pays vainqueur en dédommagement des destructions liées à la guerre qui les a opposés.

Diktat : sur nom péjoratif donné par les Allemands au traité de Versailles.

Isolationnisme : courant de la politique étrangère américaine prônant la non-intervention politique et militaire hors du continent américain pour éviter d'être entraîné dans une guerre.

Sécurité collective : assurer l'existence et l'intégrité des États par la coopération internationale et la réponse collective aux agressions.

Enjeu mémoriel : évènement important pour une société dont la mémoire doit être conservée.

Brutalisation : terme qui rend compte de la banalisation de la violence dans les sociétés d'après-guerre.

"Gueules cassées" : nom donné aux soldats défigurés par les blessures de la guerre.

Personnages

Georges Clemenceau (1841-1929), homme d’État français, président du Conseil de 1906 à 1909, puis de 1917 à 1920.

Thomas Woodrow Wilson (1856-1924) homme d’État américain, président des États-Unis de 1913 à 1921.

David Lloyd George (1863-1945), Premier ministre du Royaume-Uni de 1916 à 1922.

Vittorio Emanuele Orlando (1860-1952), homme d’État italien.