L'instruction des filles sous la troisième République avant 1914
Le plus important en quelques mots
Dans ce résumé, tu vas découvrir comment la troisième République a favorisé l'instruction des filles. En effet, si la question d'une instruction d’État des filles s'était posée avant 1870 (les lois Falloux en 1850 et Duruy en 1867, leur ont permis de suivre une instruction primaire), leur accès à l'enseignement secondaire était limité. Nombreuses sont les filles qui fréquentaient les établissements religieux pour y acquérir une instruction rudimentaire. La troisième République transforme ces institutions. Elle assure la formation des filles pour en faire des mères et des épouses de citoyens tout en luttant contre l'influence de l’Église.
L'instruction des filles : un élément moteur pour la République
Le statut subalterne des femmes dans la société française
Avant d'entrer dans le vif du sujet, il est important de rappeler qu'à la fin du XIXᵉ siècle, l'inégalité entre les hommes et les femmes était inscrite dans la loi. En effet, le Code civil napoléonien de 1804 indiquait l'incapacité civile des femmes mariées.
Elles étaient considérées comme des mineures soumises à l'autorité de leur père ou de leur mari. Sans droit civique, une femme était avant tout une épouse et une mère au foyer. À noter, toutefois, une petite avancée sous le Second Empire avec la loi Duruy en 1867 qui oblige toutes les communes de plus de 500 habitants à se doter d'une école primaire de filles.
L'école : vecteur de la citoyenneté
Les grandes lois scolaires tendent à affermir la République. Le gouvernement de la troisième République considère que l'école est un vecteur de citoyenneté et un outil d'une culture commune. Qui plus est, on considère alors que le sentiment républicain passe par les femmes. L'école doit donc leur donner une formation d'épouse et de mère "éclairées" pour qu'elles puissent transmettre les valeurs républicaines à leurs enfants.
Travaux de couture
L'école : un outil pour lutter contre l'influence de l’Église
Les républicains sont anticléricaux, c'est-à-dire qu'ils sont opposés à l'influence et à l'intervention du clergé dans la vie publique. Garante d'une morale laïque, l'instruction publique féminine est, avant tout, un moyen pour lutter contre l'influence de l’Église. Une législation est mise en place pour s'opposer à l'instruction par les congrégations religieuses. Ainsi, en 1880, la loi Camille Sée met en place un enseignement secondaire laïc pour les filles. Cette loi permet la multiplication de collèges et de lycées sur le territoire.
Une instruction séparée et différenciée
La reproduction des rôles genrés
Si l’ouverture de collèges et de lycées pour filles augmente, ils proposent cependant un enseignement spécifique fondé sur la reproduction des rôles masculins et féminins dans la société. Ainsi, ces établissements proposent des cours de couture, de cuisine, tandis qu’ils ne préparent pas au baccalauréat, mais à un diplôme de fin d’études. La politique éducative n'a pas pour but l'émancipation politique et sociale des femmes.
Une alphabétisation croissante
Les lois de Jules Ferry de 1881 et 1882 instaurent un enseignement gratuit, laïc et obligatoire de 6 à 13 ans pour les filles et les garçons. De fait, l’alphabétisation progresse considérablement. En effet, les écoles primaires dispensent les mêmes enseignements fondamentaux, mais les travaux manuels sont différents. Sous la IIIᵉ République, la majorité des filles savent lire, écrire et compter.
Des opportunités limitées
Les lycées de jeunes filles sont dénués de finalité professionnelle, tandis que l’accès aux études supérieures demeure difficile. Ainsi, les facultés de médecine et de pharmacie s’ouvrent aux femmes en 1902. Elles sont peu nombreuses à les intégrer. Il s’agit souvent de jeunes femmes étrangères issues de la bourgeoisie comme Marie Curie qui obtient le prix Nobel en 1903. C’est la première femme à obtenir une telle distinction. Cependant, cette ouverture de l’accès à l’instruction favorise la montée des revendications pour une égalité entre hommes et femmes. Plusieurs femmes comme Hubertine Auclert militent pour le droit de vote des femmes (qu’elles n’obtiendront qu’à l’issue de la Seconde Guerre mondiale en 1944). Par ailleurs, l’école demeurant un vecteur d’émancipation, les femmes peuvent désormais accéder à une offre d’emploi plus variée, bien que, comme tu vas le lire plus après, l’administration leur suggère une voie toute tracée.
Portrait de Marie Curie
Les institutrices de la troisième République
L’éducation, un débouché professionnel pour les femmes
Afin d’organiser un enseignement laïc à destination d’un public féminin, l’administration française forme des institutrices. La loi Paul Bert de 1879 crée les Écoles normales d’institutrices dans tous les départements. Ces établissements s'appuient sur la supposée "nature pédagogique" des femmes pour leur apprendre à dispenser un enseignement séparé. Elles reçoivent une formation rigoureuse et exigeante à l’issue de laquelle elles doivent transmettre les valeurs de la République à leurs élèves.
Un enjeu politique pour la société française
Peu et moins bien rémunérées que les hommes, les institutrices vivent dans des conditions précaires. En effet, elles sont souvent isolées et éloignées de leur famille puisqu’elles sont envoyées dans tout l’hexagone pour remplir les écoles. En outre, les femmes représentent leur institution. Ainsi, jusqu'à la fin du XIXᵉ siècle, l'administration préfère qu'elles ne se marient pas. Cette situation rompt avec le rôle traditionnel de mère au foyer dévolue aux femmes et permet de faire évoluer les mentalités.
À retenir
Dates
1804 : le Code civil Napoléonien précise l'incapacité civile des femmes mariées.
1867 : la loi Duruy oblige toutes les communes de plus de 500 habitants à se munir d'une école primaire pour filles.
1879 : la loi Paul Bert crée les Écoles normales d'institutrices.
1880 : la loi Camille Sée met en place un enseignement secondaire laïc pour les filles. 1881-1882 : les lois Jules Ferry instaurent une école primaire gratuite, laïque et obligatoire pour les filles et les garçons de 6 à 13 ans. 1902 : ouverture des facultés de médecine et de pharmacie aux femmes.
1903 : Marie Curie reçoit le prix Nobel
Définitions
Anticlérical : opposition à l'influence et à l'intervention du clergé dans la vie publique.
Personnages
Hubertine Auclert (1848-1914) : écrivaine, journaliste et militante féministe. Marie Curie (1859-1906) : chimiste polonaise, naturalisée française après son mariage avec Pierre Curie.
En savoir plus
Apprenez avec les Bases
Apprenez les bases avec des unités théoriques et mettez en pratique ce que vous avez appris à l'aide d'ensembles d'exercices !
Durée:
Unité 1
Condition de la femme au XIXe
Test Avancé
Obtenez un score de 80 % pour accéder directement à l'unité finale.
Ceci est la leçon dans laquelle vous vous trouvez actuellement et l'objectif du parcours.
Unité 2
Instruction des filles sous la Troisième République avant 1914
Test final
Testez la révision de toutes les unités pour réclamer une planète de récompense.
Créer un compte pour commencer les exercices
Questions fréquemment posées sur les crédits
Qui rend l'école primaire obligatoire, laïque et gratuite ?
Le ministre de l'instruction de la troisième République, Jules Ferry, rend l'école obligatoire, laïque et gratuite pour les filles et les garçons de 6 à 13 ans avec les lois qu'il rédige en 1881 et 1882.
Qui est la première femme à recevoir un prix Nobel ?
Marie Curie est la première femme à recevoir un prix Nobel en 1903. Elle a pu bénéficier de l'enseignement laïc français sous la troisième République.
Quand les femmes ont-elles eu le droit à l'instruction ?
Ce n'est qu'en 1850 que les écoles s'ouvrent aux filles avec la loi Falloux. En 1882, la loi Ferry reconnaît l'égalité des sexes dans l'enseignement. L'école devient alors obligatoire pour les filles et les garçons de 6 à 13 ans.