Établissements Schneider au Creusot

​​Le plus important en quelques mots

La famille Schneider a particulièrement marqué l'histoire de la ville du Creusot en Bourgogne-Franche-Comté. Elle est aussi indissociable de la notion d'industrialisation. Evulpo t'embarque à la découverte du destin de cette famille dont le rôle dans l'économie de la région a eu des retombées importantes sur les ouvriers et leur famille.

Un puissant complexe industriel

​​Les établissements Schneider

En 1836, Adolphe et Eugène Schneider, soutenus par la banque Seillière, rachètent des forges en déclin dans la ville du Creusot. Ils créent la société Schneider Frères et C^ie qui devient rapidement un fleuron de l'industrie sidérurgique française. D'abord spécialisée dans les chemins de fer, sa production se tourne vers l'armement dans un second temps. En 1838, les usines Schneider comptent 1 850 ouvriers.

Portrait d'Eugène Schneider

Des usines modernes

Après leurs rachats, les anciens ateliers sont transformés en usines modernes. Véritable complexe intégré, ces usines maîtrisent rapidement toute la chaîne de production sidérurgique. Ainsi, elles s'occupent de l'approvisionnement local en matière première (achat de mines de fer et de charbon), de la fabrication du métal transformé en machines et des produits finis.

Une diversification de la production

Pour dominer le marché français et étranger, la production se diversifie. Les établissements Schneider produisent des bateaux à vapeur et des moteurs marins (1839-1840), des locomotives (1850), des rails, des paquebots, des structures métalliques pour les ponts et les gares, et des canons à partir de 1870. Pour cela, ils achètent des mines de fer en 1853, et des mines de charbon en 1869. Entre 1840 et 1867, les diverses productions sont exportées en Italie, en Espagne, en Russie, en Algérie, en Autriche, au Brésil, au Royaume-Uni ou encore en Belgique. En 1870, les usines Schneider comptent 10 000 ouvriers.

Les premières locomotives.

Les Schneider, de la politique au monde des affaires

​​Une famille influente en politique…

La famille Schneider est d'origine bourgeoise, plus spécifiquement de la bourgeoisie terrienne. Elle est l'une des familles les plus influentes du Second Empire. Au niveau politique, Eugène Schneider, proche de Napoléon III, sera député de 1845 à 1848 puis de 1857 à septembre 1870. De mars à mai 1851, il est ministre de l'Agriculture et du Commerce. En 1852, il est élu vice-président du Corps législatif et réélu député. Entre 1866 et 1870, il est maire du Creusot et parallèlement président du Corps législatif. Dans le même temps, il reçoit de nombreux honneurs comme la Légion d'honneur. Les liens qu'il tisse dans le monde politique lui permettent d'acquérir un vaste réseau de relation.

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... comme dans le milieu des affaires

Eugène Schneider a su tisser des liens forts avec les milieux des affaires et des finances. Cela lui permet d'accéder à des postes prestigieux. Ainsi, il fut membre de la Chambre de commerce de Chalon-sur-Saône (1843), membre de la commission d'organisation de la première Exposition universelle de Paris (1855), puis régent de la Banque de France entre 1854 et 1875 ; premier président de la banque Société Générale de 1864 à 1867 et président de l'association patronale "la société des forges". Son entreprise bénéficie grandement de ces connexions.

Contrôle et surveillance des salariés

"Schneiderville"

En 1856, vingt ans après la construction des établissements Schneider, une pétition circule au Creusot pour renommer la ville "Schneiderville", tant l'empreinte des usines est prégnante. La croissance industrielle du Creusot grâce aux établissements Schneider entraîne une augmentation du nombre d'ouvriers. Dès lors, la question de leur logement devient significative. D'autant plus que proposer des logements permet d'attirer des ouvriers. Dès 1865, Les Schneider font construire deux cités ouvrières. Chaque maison dispose de deux pièces, d'un jardin, et de dépendances. Elles sont attribuées en fonction du travail de l'ouvrier. Parallèlement, un hôpital est construit, ainsi que des églises et des écoles destinées aux enfants des employés et ouvriers des établissements Schneider.

Plan des usines du Creusot

Une politique paternaliste

Ces constructions participent à une politique paternaliste souhaitée par les Schneider. Ces derniers se considèrent comme "les pères" de leurs ouvriers. Ils fournissent aux ouvriers un certain bien être social tout en les attachant à l'entreprise. L'enjeu est de contrôler et de surveiller les salariés en instaurant une forme de dépendance. Le jardinage dans les jardins privés est encouragé notamment pour lutter contre l'alcoolisme. La politique sociale active (hôpitaux, écoles, caisse de secours ...) vise à éviter la diffusion des idées socialistes.

Les grèves de 1870

Mais l'impact de cette politique sociale sur les ouvriers demeure fragile. Ainsi, lorsqu'en janvier 1870, les ouvriers demandent à gérer la caisse de secours (mise en place par les Schneider, chaque ouvrier y cotise selon son salaire pour permettre l'indemnisation des malades et le versement de retraites), Eugène Schneider refuse. En réponse, deux grandes grèves voient le jour en janvier puis en mars. Elles sont réprimées dans la violence par l'envoi de 4 000 gendarmes. Six personnes trouveront la mort.

Pour autant, les établissements Schneider ne semblent pas affectés puisqu'à la fin du XIXᵉ siècle - début du XXᵉ siècle, ils s'épanouissent grâce à leurs productions militaires pendant la Première Guerre mondiale.

À retenir

Dates

1836 : rachat d'Adolphe et Eugène Schneider des forges en déclin dans la ville du Creusot.

De mars à mai 1851 : Eugène Schneider est ministre de l'Agriculture et du Commerce.
Entre 1866 et 1870 : Eugène Schneider est maire du Creusot et président du Corps législatif.
Entre 1854 et 1875 : Eugène Schneider est régent de la Banque de France.
À partir de 1865 : construction de cités ouvrières.
Janvier et mars 1870 : grèves des ouvriers.

Personnages 

Adolphe Schneider (1802-1845) industriel et homme politique français.

Eugène Schneider (1805-1875) industriel et homme politique français.