Victor Hugo sous la Deuxième République et le Second Empire
Le plus important en quelques mots
Tu vas rencontrer ici un des plus grands écrivains de la littérature française : Victor Hugo (1802-1885). Malgré une éducation royaliste, il va se ranger du côté de la République et des droits sociaux. Il sera un opposant fervent au Second Empire et à Napoléon III.
Victor Hugo, auteur et homme politique
Quelques éléments biographiques
Victor Hugo est un poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur français. Il est d'ailleurs considéré comme l'un des écrivains les plus importants que la France ait comptés. Il accède à l’Académie française le 7 janvier 1841.
Portrait de Victor Hugo
Élevé par sa mère dans l'esprit du royalisme, Victor Hugo se laisse progressivement convaincre de l'intérêt de la République. Durant la monarchie de Juillet, il devient le confident de Louis-Philippe Iᵉʳ en 1844, puis pair de France en 1845. Il réclame alors la diminution du temps de travail des enfants de 16 à 10 heures, mais sa proposition n'est pas acceptée. Elle est contrée par le baron Louis-Jacques Thénard, dont Victor Hugo se vengera en créant le personnage des Thénardier, un des plus détestables des Misérables, que tu as peut-être déjà lu en cours de français.
Un royaliste chez les républicains
Bien que monarchiste dans un premier temps, Victor Hugo se rapproche progressivement du courant républicain à partir de la révolution de 1830, et plus intensément encore suite à la révolution de 1848. Cette année-là, il est d'abord nommé maire du 8ᵉ arrondissement de Paris, puis, le 4 juin, il est élu député à l'Assemblée constituante, où il siège avec les conservateurs.
Lorsque l'Assemblée ferme les ateliers nationaux, créés pour octroyer du travail à 150 000 ouvriers, des émeutes éclatent dans la capitale du 23 au 26 juin 1848. Victor Hugo est alors chargé par l'Assemblée de rétablir l'ordre. Il se rendra sur les barricades avec l'objectif de calmer les ouvriers. Toutefois, il regrettera d'avoir ainsi participé à la répression sanglante organisée par le gouvernement.
Un républicain de plus en plus engagé (1848-1852)
L'évolution de l'Assemblée vers une politique conservatrice suscite les réserves de Victor Hugo. Ce dernier est particulièrement touché par la misère humaine et défend avec ferveur l'accès à l'instruction gratuite, publique et obligatoire, ou encore l'abolition de la peine de mort. Qui plus est, il se positionne contre la limitation du suffrage universel. Il soutient alors la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte aux élections présidentielles de décembre 1848. Le 13 mai 1849, Victor Hugo est élu à l'Assemblée législative, où il prononce un discours sur la misère.
Victor Hugo, fervent opposant au Second Empire
La résistance et l'exil
Face au coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851, Victor Hugo tente d'organiser un mouvement de résistance.
Portrait de Napoléon III
Cependant, celui-ci n'attire pas les foules et n'obtient pas le succès populaire escompté par l'auteur. Devenu opposant au pouvoir politique en place, il quitte Paris le 11 décembre et s'installe à Bruxelles. C'est le début d'un exil qui durera 19 ans.
En janvier 1852, un décret de proscription ordonne l'expulsion du territoire français, pour cause de sûreté, de 66 anciens représentants de l'Assemblée législative, dont Victor Hugo. Malgré une amnistie en 1859, il refusera de rentrer en France.
Des textes contre le Second Empire
L'éloignement n'empêchera pas Victor Hugo de poursuivre son combat pour l'instauration d'une république. Au contraire, il rédige et publie différents écrits contre Napoléon III et son régime autoritaire. Il est l'auteur d'un pamphlet intitulé Napoléon le Petit (1852), publié en Belgique et diffusé clandestinement en France. Cette publication le contraint la même année à quitter la Belgique.
Il s'exile alors dans les îles anglo-normandes. Il y est sous la protection de l'Angleterre. Il y rédigera notamment Châtiments, un recueil de poèmes satiriques critiquant le Second Empire. Il s'emploie également à dessiner et expérimente de nouvelles techniques graphiques. Entre 1860 et 1861, il se consacre principalement à la rédaction de son roman Les Misérables, reflet de sa prise de conscience sociale, qui rencontrera un succès immense à sa publication en 1862.
Les Misérables de Victor Hugo.
Le retour en France
La chute du Second Empire lui permet de rentrer en France en 1870. Il sera tour à tour élu à l'Assemblée nationale, fervent opposant à la répression contre la Commune, puis sénateur en 1876. Jusqu'à sa mort en 1885, Victor Hugo est une des figures emblématiques de la République et une référence littéraire incontestée. Un décret du 26 mai 1885 lui accorde des obsèques nationales, tandis que son cercueil est transféré au Panthéon.
Le Panthéon
À retenir
Dates
4 juin 1848 : Victor Hugo est élu député à la Constituante de la Deuxième République.
23-26 juin 1848 : émeutes à Paris.
13 mai 1849 : Victor Hugo est élu à l'Assemblée législative, où il prononce un discours sur la misère.
2 décembre 1851 : coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte.
11 décembre 1851 : exil à Bruxelles.
1852 : exil dans les îles anglo-normandes.
1862 : publication des Misérables.
1870 : chute du Second Empire.
1876 : Victor Hugo est élu sénateur.
1885 : décès de Victor Hugo.
Définitions
Pair de France : de 1814 à 1848, membre de la chambre haute du Parlement (équivalent du Sénat actuel).
Iles anglo-normandes : îles de Jersey et Guernesey, situées au large de la Normandie, mais sous souveraineté britannique.
Commune de Paris (18 mars-28 mai 1871) : insurrection contre le gouvernement issu de l'Assemblée nationale constituante (à majorité monarchiste), et projet politique républicain à tendance communaliste fondé sur la démocratie directe. Elle survient suite à la défaite de la France face aux forces prussiennes lors de la guerre de 1870-1871.
Panthéon : monument parisien où sont inhumés les grands hommes et les grandes femmes de la Nation.
Personnages
Victor Hugo (1802-1885) : politicien et écrivain français.
Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873) : neveu de Napoléon Iᵉʳ, président de la Deuxième République (1848-1852), et empereur du Second Empire (1852-1870) sous le nom de Napoléon III.