Politique et société sous la Deuxième République et le Second Empire
Le plus important en quelques mots
Dans cette leçon, tu vas rencontrer les hommes et les femmes à l'origine de plusieurs éléments inhérents au système politique français actuel. En effet, de 1848 à 1870, le pouvoir politique est instable, mais des progrès sociaux sont accomplis : naissance du suffrage universel masculin (les femmes n'y ont pas encore droit), droit de grève, aménagements urbains, améliorations des voies de communication (chemins de fer). Deux régimes se succèdent : la Deuxième République et le Second Empire.
La Deuxième République (1848-1852)
1848, une année de crises
En 1848, les difficultés s'accumulent en France. Les récoltes sont mauvaises, la spéculation est forte. S'ajoutent des complications liées à la crise industrielle. Ainsi, au chômage engendré par la mécanisation se superposent des difficultés liées à la surproduction.
Dès lors, les revendications sociales et politiques se multiplient, tant et si bien que, du 22 au 24 février 1848, une insurrection populaire éclate à Paris. On réclame que le dernier roi des Français, Louis-Philippe Ier (1830-1848), abdique. Les insurgés exigent la proclamation d'une République démocratique avec instauration du suffrage universel. Ils réclament aussi une république sociale, avec la reconnaissance du "droit au travail", considéré comme un moyen de s'émanciper.
Ces mouvements de contestation sont hétéroclites. On y croise des ouvriers, des gardes nationaux (rassemblement de citoyens armés créé en 1789), des bourgeois, des femmes, des intellectuels, etc.
Le rêve d'une République sociale
Un gouvernement provisoire est mis en place et une nouvelle constitution est rédigée. Parallèlement, des mesures sociales sont adoptées et des élections sont organisées. Dans les rues, on démonte les statues du "roi-citoyen" et des arbres synonymes de liberté sont plantés à leur place. Le gouvernement provisoire souhaite l'instauration d'une République généreuse. Le terme "fraternité" intègre la devise de la France, tandis que la figure de Marianne est inscrite durablement dans la symbolique républicaine.
Marianne guidant le peuple.
La République sociale : des lendemains qui déchantent
Les 23 et 24 avril 1848, les premières élections législatives au suffrage universel direct désignent une assemblée constituante. Les républicains modérés obtiennent la majorité.
Rapidement, cette nouvelle assemblée prend ses distances avec les socialistes. Elle met fin aux ateliers nationaux, censés fournir du travail à 150 000 ouvriers. En réponse, des émeutes éclatent à Paris entre le 23 et le 26 juin 1848 (Journées de juin). La répression gouvernementale est particulièrement violente, tandis que les pleins pouvoirs sont conférés au général Cavaignac (1802-1857).
Des élections présidentielles sont organisées le 10 décembre 1848 : Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier et candidat du parti de l'Ordre, en sort victorieux.
Le coup d’État de 1851
Sous la IIe République, le président de la République n'est pas rééligible : Louis-Napoléon Bonaparte ne peut pas se présenter à l'élection présidentielle de 1851. Il organise alors un coup d’État le 2 décembre 1851 et dissout l'Assemblée nationale. Pendant un an, il s'emploie à diffuser une importante propagande qui lui permet de rétablir l'Empire. Pour cela, il s'appuie sur une série de plébiscites. De fait, c'est le peuple souverain qui a, via le suffrage universel, validé le coup d’État et le rétablissement de l'Empire.
Portrait de Louis-Napoléon Bonaparte.
Le Second Empire (1852-1870)
La révolution industrielle
La France accueille la révolution industrielle à bras ouverts. La machine à vapeur, inventée au XVIIIᵉ siècle, se diffuse dans l'industrie textile et la métallurgie. Le besoin de machines dans le secteur des transports stimule la demande. Le réseau des chemins de fer, nés vers 1830, dépasse les 21 000 km en 1866.
L'exode rural et les travaux du baron Haussmann
L'industrialisation des villes attire une importante immigration rurale. À Paris, l'installation des artisans et des ouvriers issus de cet exode rural s'effectue dans des quartiers insalubres.
Napoléon III accompagne cette urbanisation par la mise en place de grands travaux de modernisation. C'est le début des travaux du baron Haussmann, qui visent les logements, la circulation, la sécurité, l'hygiène ou encore l'approvisionnement en eau. Cette période est illustrée par les ouvrages de Jules Verne qui connaissent un succès retentissant.
Portrait de Jules Verne
Un État autoritaire, puis libéral
À partir de 1852, Napoléon contrôle l'exécutif. Il est à l'initiative des lois et rend les ministres irresponsables devant le corps législatif. Il censure la presse et oblige les fonctionnaires à prêter un serment de fidélité. L'empereur limite les pouvoirs intermédiaires et établit un fort lien direct avec le peuple en usant des plébiscites pour légitimer son pouvoir.
À partir des années 1860, Napoléon III octroie des libertés publiques et des droits sociaux, dont une plus grande liberté de la presse et le droit de réunion. En 1864, il concède le droit de grève. Politiquement, l'opposition parlementaire est reconnue et l'Assemblée nationale retrouve l'initiative de la loi.
Les relations internationales de l'Empire et la chute de l'Empire
À l'extérieur du pays, Napoléon III suspend sa politique coloniale suite à l'échec de la campagne du Mexique (1861-1867), tandis qu'il perd le soutien de l’Église après avoir fait ingérence dans les guerres d'unification du royaume d'Italie. En outre, il déclare la guerre à la Prusse en 1870. La défaite de Sedan, le 2 septembre 1870, marque la fin de l'Empire. Léon Gambetta (1838-1882) proclame la République à Paris le 4 septembre 1870.
Portrait de Léon Gambetta.
À retenir
Dates
22-24 février 1848 : insurrection populaire à Paris.
23 avril 1848 : premières élections au suffrage universel direct masculin.
23-26 juin 1848 : émeutes à Paris.
10 décembre 1848 : élection de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République.
2 décembre 1851 : coup d’État mené par Louis-Napoléon Bonaparte.
1860 : droit de la presse et droit de réunion.
1864 : instauration du droit de grève.
2 septembre 1870 : défaite de Sedan face à la Prusse.
4 septembre 1870 : proclamation de la Troisième République.
Définitions
Abdiquer : renoncer à sa fonction.
Ateliers nationaux : organisation destinée à fournir du travail aux chômeurs après la révolution de février 1848.
Parti de l'Ordre : Parti conservateur de la IIᵉ République.
Plébiscite : référendum, proposition faite aux citoyens et à laquelle ils doivent répondre par oui ou par non. Terme péjoratif dans l'imaginaire politique français, essentiellement associé au bonapartisme, car il désigne plutôt un référendum truqué, ou dont les résultats sont tellement en faveur des dirigeants qu'ils peuvent être considérés comme non démocratiques.
Spéculation : opération financière visant à tirer un profit de l'évolution des prix. Achat et vente d'un produit, d'un bien ou d'une matière, non pour profiter ou faire profiter de sa fonction première, mais pour dégager un profit à la revente grâce à l'augmentation de son prix (exemple : spéculation sur les denrées alimentaires).
Personnages
Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873) : neveu de Napoléon Iᵉʳ, président de la Deuxième République (1848-1852), puis empereur du Second Empire (1852-1870).
Eugène Cavaignac (1802-1857) : général et homme d’État français, chef du pouvoir exécutif de la République française (28 juin-20 décembre 1848).
Léon Gambetta (1838-1882) : homme politique français (modéré) et figure importante des débuts de la IIIᵉ République.
Georges Eugène Haussmann (1809-1891) : haut fonctionnaire et homme politique français, préfet de la Seine (1853-1870). A dirigé les travaux de réaménagement de Paris.
Louis-Philippe Iᵉʳ (1830-1848) : dernier roi des Français.
Jules Verne (1828-1905) : écrivain français.