Difficile entrée dans l’âge démocratique à partir de 1848
Le plus important en quelques mots
La révolution de février 1848 ouvre en France une période d'intenses débats politiques. Dans ce résumé, tu comprendras comment les premiers mois de la Deuxième République vont se matérialiser en de nombreux idéaux démocratiques hérités de la Révolution française. Sais-tu que le suffrage universel masculin est l'ébauche du droit de vote que tu connais aujourd'hui ?
Les ambitions de la IIe République
Les premiers pas de la Deuxième République
La Deuxième République sonne, après la révolution de février 1848, comme une deuxième chance après la première tentative républicaine de 1792 à 1804. L'assemblée constituante a pour mission de définir les règles de ce nouveau régime, et est élue le 23 avril 1848. Les républicains les plus modérés y sont massivement représentés, au détriment des républicains radicaux et socialistes.
Le suffrage universel masculin (les femmes restent exclues du droit de vote) est adopté en février 1848. Cela s'accompagne d'une forte politisation des populations qui passe par les clubs politiques, des espaces d'échanges d'idées, mais aussi d'information. La presse, bien que très contrôlée par le gouvernement, est en plein essor avec de nombreux titres. L'idée est d'informer le citoyen pour que son vote soit argumenté.
L'ébauche d'une politique sociale
La Deuxième République marque l'abolition de l'esclavage, votée le 27 avril 1848. Les anciens esclaves demeures des citoyens. Pour fournir du travail à tous les citoyens, les ateliers nationaux sont mis en place par l'Etat, qui organise lui-même le secteur de l'emploi, visant ainsi à réduire le chômage notamment des parisiens. La journée de travail, pour sa part, est diminuée d'une heure.
La crise subsiste
Tenter un nouveau régime politique en 1848 laisse néanmoins entrevoir quelques doutes. Si la révolution de 1848 s'est faite sur fond de crise économique, les investisseurs restent prudents vis-à-vis de la République. Le manque d'investissements provoque la fermeture des ateliers nationaux que l'Etat ne parvient plus à assumer. Face aux révoltes attendues, l'armée est mobilisée.
De Louis-Napoléon Bonaparte à Napoléon III, il n'y a qu'un coup d’État
Les élections présidentielles
Le 10 décembre 1848, Louis Napoléon Bonaparte devient le premier et seul président de la Deuxième République avec 74% des suffrages. C'est donc avec l'approbation du suffrage universel masculin que Bonaparte est porté au pouvoir, mais il en profite pour rapidement bousculer certaines libertés en place. Le même suffrage universel masculin est d'ailleurs remis en cause par la loi du 31 mai 1850 qui vise à limiter le vote aux citoyens qui résident depuis plus de 3 ans dans une commune.
Portrait de Napoléon III
La Constitution renversée
La Constitution empêche la réélection du président, puisqu'elle ne prévoit qu'un seul mandat. Louis-Napoléon Bonaparte tente alors de réformer le texte sans y parvenir. Le 2 décembre 1851, il mène un coup d'Etat afin de conserver le pouvoir. Il dissout l'assemblée nationale, et fait plébisciter son geste en novembre 1852 par le peuple lui-même. Le plébiscite abolit la Deuxième République et marque le début du second empire, le 2 décembre 1852.
Le Second Empire entre autoritarisme et libéralisme
Réorganisation des pouvoirs
La séparation des pouvoirs n'est pas retenue dans la nouvelle Constitution. L'Empereur a l'initiative des lois et nomme les parlementaires. Le suffrage universel est rétabli mais l'expression démocratique est limitée : il n'y a pas de pluralisme, c'est-à-dire qu'un seul parti peut se présenter aux élections. La censure et les restrictions sur les titres de presse ne permettent pas aux citoyens d'avoir un avis neutre sur la politique. Les quelques oppositions au régime sont rapidement réprimées.
Un empereur proche du peuple
A l'image de ce qu'avait fait Napoléon Ier pendant le premier Empire, Napoléon III tente de légitimer son pouvoir fréquemment auprès du peuple. Pour cela, il se déplace régulièrement en province et organise de nombreux plébiscites (l'ancêtre du référendum). Les tentatives de déstabilisation comme l'attentat d'Orsini en 1858, qui visait directement l'empereur et son épouse, ne font que renforcer l'autoritarisme du régime.
A travers ses conquêtes militaires, son succès sur les territoires européens, et les symboles qui se multiplient sur le territoire national (fêtes impériales), Napoléon III essaie réellement de renouer avec la grandeur de l'empire du début du siècle. En 1856, la naissance de son fils laisse entrevoir le début d'une dynastie.
Un empire libéral
À compter de 1859, l'empire doit faire face à une forte opposition, réunie autour d'Adolphe Thiers, député. Celui-ci, dans son discours sur les "libertés nécessaires", évoque le côté impératif de certaines lois. L'empire est obligé de s'ouvrir, et réduit l'oppression sur les opposants. Le droit de grève en 1864 pour les travailleurs, ou les prémices d'une liberté de la presse en 1868, s'inscrivent dans ce sens.
Un régime parlementaire
En 1869, Napoléon III accepte l'instauration d'une régime semi-parlementaire, puis parlementaire en 1870. Emile Ollivier est nommé premier ministre. Les ministres, le gouvernement, ont désormais une responsabilité à porter devant les chambres. Le corps législatif peut proposer des lois. Ce nouveau modèle est à nouveau approuvé par plébiscite, le 8 mai 1870.
Le régime s'effondre 4 mois plus tard, mis à mal par la guerre face à la Prusse. La France est défaite pendant la bataille de Sedan en septembre 1870, et doit abandonner une partie de son territoire. L'Empire ne survivra pas à la défaite.
À retenir
Dates importantes
23 avril 1848 : une Assemblée constituante est élue
24 février 1848 : le suffrage universel masculin est adopté
27 avril 1848 : l'esclavage est aboli
Juin 1848 : dissolution des Ateliers nationaux
10 décembre 1848 : Louis Napoléon Bonaparte devient le premier et seul président de la Deuxième République
2 décembre 1851 : Louis Napoléon Bonaparte est proclamé empereur
1864 : droit de grève
1868 : libéralisation de la presse.
1869 : Un régime semi-parlementaire voit le jour.
8 mai 1870 : La réforme constitutionnelle est acceptée.
Septembre 1870 : le régime de Napoléon III s'effondre.
Définitions
Ateliers nationaux : organisation destinée à fournir du travail aux chômeurs parisiens après la révolution de février 1848. L’État fournit, organise et paye le travail.
Club : mot emprunté à l'anglais correspondant à la réunion de plusieurs personnes pour s'entretenir des affaires publiques.
Grands personnages
Louis Napoléon Bonaparte (1808-1873) : Neveu de Napoléon Ier, président de la Deuxième République.