Affirmation de l’État dans le royaume de France au XVIe et XVIIe siècle
Le plus important en quelques mots
Dans cette leçon, evulpo te propose de remonter le temps jusqu'aux XVIe et XVIIe siècles à la découverte de la monarchie française. Les différents souverains qui se succèdent sur le trône cherchèrent à consolider et à centraliser leurs pouvoirs. Ils souhaitaient atteindre l'absolutisme. Cette conquête du pouvoir absolu ne s'effectua pas sans tensions, conflits et oppositions.
Une difficile affirmation de l'autorité monarchique
François Ier, un roi autoritaire
François Ier (règne : 1515-1547) gouverna le royaume de manière autoritaire de 1515 à 1547. D'un point de vue politique, il ne consultait ni son conseil ni le parlement, tandis qu'il s'opposait régulièrement à leurs propositions. Il restait ainsi le seul décisionnaire.
Pour asseoir son autorité sur l'aristocratie, il fit saisir les biens de personnages importants. Parallèlement, il augmenta le nombre d'officiers le représentant dans les provinces et mena une activité législative dense en éditant de grandes ordonnances. Pendant le règne de François Ier, servir le roi revenait à servir l’État dont il était indissociable.
Portrait de François Ier
La contestation de l’État royal
Les souverains français du XVIe siècle rencontrèrent des difficultés avec les guerres civiles qui opposaient les catholiques et les protestants. Charles IX (r. 1560-1574) assuma une partie du massacre de la Saint-Barthélemy en 1572. Mais cela ne lui rendit pas service puisqu'il apparut alors aux yeux des protestants comme un tyran à renverser. En 1589, ce sont les catholiques ligueurs qui justifient le régicide d'Henri III (r. 1574-1589). Son héritier, Henri de Navarre, chef des protestants, se convertit au catholicisme en 1593. Il restaure la paix civile par l'édit de Nantes (1589). Le catholicisme est alors proclamé religion d’État, mais le protestantisme demeure toléré.
La raison d’État victorieuse
Il faut attendre le règne de Louis XIII (r. 1610-1643) pour voir triompher la raison d’État. En effet, son principal ministre, Richelieu (1585-1642), n'hésite pas à employer la force face à tous groupes susceptibles de menacer l'autorité royale (prise de La Rochelle en 1628).
L'absolutisme sous Louis XIV
Obéir au roi
La Fronde, révoltes animées par des parlementaires et des nobles contre l'absolutisme de Richelieu puis de Mazarin (1602-1661), éclate pendant la minorité de Louis XIV. La monarchie triomphe, tandis qu'à la mort de Mazarin, Louis XIV décide de gouverner seul et sans partage. Dès lors, seul le monarque qui tient son pouvoir de droit divin, a autorité sur le royaume. En 1685, Louis XIV révoque l'édit de Nantes, obligeant les protestants à se convertir ou à fuir.
À Versailles, demeure de Louis XIV, on célèbre le roi en respectant l'étiquette.
Une royauté absolue
Louis XIV règne en supervisant l'activité de son administration. Il préside les séances du conseil, s'entretient des dossiers en cours avec ses ministres et étudie chaque dossier précautionneusement. Louis XIV est également un artisan de la guerre qui commande personnellement à ses armées jusqu'en 1693.
Portrait de Louis XIV
La monarchie administrative
Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), l'un des principaux ministres de Louis XIV instaure une administration centralisée. Dans chaque ministère, des commis rédigent les pièces bureaucratiques et préparent la correspondance administrative à destination des provinces où des intendants l'appliquent. A cela s'ajoute une politique économique interventionniste qui favorise le développement du commerce et de l'industrie tout en instituant des monopoles royaux.
Portrait de Jean-Baptiste Colbert
Une dynamique qui s'essouffle
L'absolutisme de l’État en question
En dépit des proclamations de toute-puissance, l'envers du décor est moins reluisant. D'abord, le souverain ne dispose pas d'un nombre suffisant d'agents en province, on en dénombre un pour 10km2. Ensuite, la diversité des langues, des coutumes, les privilèges locaux, les différents statuts des territoires constituent des obstacles à la mise en œuvre d'une politique centralisée et homogène.
Un État dans la tourmente
Dans les dernières années du règne de Louis XIV, les difficultés financières se succèdent. L’État est au bord de la faillite. En effet, les guerres sont couteuses, les emprunts réalisés pour les mener à bien peinent à être remboursés. Pour résorber ses dettes, l’État met en place de nouveaux impôts. Mais la population est épuisée par les guerres successives. Le régime est de plus en plus impopulaire, tandis qu'une famine sévit de 1693 à 1709, entrainant la mort de millions de Français.
Un État contesté
Face à ses multiples difficultés, des contestations apparaissent. Les protestants qui ont fui le pays après la révocation de l’édit de Nantes participent activement à une propagande contre le souverain français en dénonçant son despotisme et en moquant ses défaites militaires. Au sein du royaume, les camisards, rebelles protestants, s'arment pour réclamer leur liberté de culte.
À retenir
Dates
1515 : début du règne de François Ier.
20 au 30 août 1752 : massacres généralisés des protestants.
1589 : assassinat d'Henri III.
1593 : Henri IV se convertit au catholicisme.
1598 : Édit de Nantes, fin des guerres de religion.
1665 : Colbert devient contrôleur général des Finances.
1685 : révocation de l'édit de Nantes.
1682 : installation définitive de Louis XIV à Versailles.
Définitions
Roi absolu : roi "délié des lois". Dans un État absolu, il ne connait, aucune limite à son pouvoir et n'est contrôlé par aucune institution.
Absolutisme : désigne un système politique où le roi dispose de tous les pouvoirs.
Officier : agent du roi, propriétaire de sa charge.
Ligueurs : ultra-catholiques qui prennent les armes pour éradiquer le protestantisme et refusent toute forme de tolérance à leur égard.
Intendants : agents du roi aux larges pouvoirs. Il le représente dans les provinces. Ils sont nommés par lettre de commission et révocables à tout moment contrairement aux officiers royaux.
Régicide : meurtre du roi.
Étiquette : ensemble des règles qui organisent la vie à la cour.
Roi-Soleil : Louis XIV choisit le soleil comme emblème, symbole d'Apollon, dieu de la Lumière et des Arts.
Centralisation : le pouvoir de décision échappe au niveau local et se concentre à l'échelon gouvernemental, à Versailles.
Fronde : troubles politiques qui éclatent entre 1648 et 1653, pendant la régence d'Anne d'Autriche qui débute quand Louis XIV a 5 ans.
Despotisme : forme d'autorité qui tend à devenir tyrannique et se caractérise par l’oppression qu'elle exerce.
Personnages importants
Richelieu (1585-1642) : évêque de Luçon et proche conseiller de la régente Marie de Médicis, mère de Louis XIII, il obtient le cardinalat puis entre au conseil du roi en 1624.
Mazarin (1602-1661) : prêtre et diplomate italien au service du pape, il passe au service du roi de France et devient le protégé de Richelieu qui lui obtient le cardinalat. Il devient le principal ministre de Louis XIII puis de la régente, Anne d'Autriche. Il forme le jeune Louis XIV.
Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) : protégé de Mazarin puis de Louis XIV, il oriente la politique économique du royaume.