France : les dynamiques différenciées des territoires transfrontaliers
L’essentiel en quelques mots
Les frontières françaises, longtemps fermées, sont de plus en plus ouvertes au libre-échange, surtout depuis la mise en application des accords de Schengen en 1995. Dans ce résumé, tu vas étudier les différentes dynamiques des territoires transfrontaliers en France.
Les principales régions transfrontalières en France
Le territoire français possède 4 176 km de frontières avec 11 pays limitrophes : la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie, Monaco, l’Espagne, Andorre en métropole ; le Brésil, le Suriname et les Pays-Bas avec les territoires ultramarins.
1-Interreg France(Manche)-Angleterre; 2-Interreg des 2 mers; 3-Interreg France-Wallonie; 4-Interreg Grande Région; 5-Interreg Rhin Supérieur; 6-Interreg France-Suisse; 7-Interreg France-Italie; 8-Interreg Italie-France maritime; 9-Interreg Espagne-France-Andorre(POCTEFA).
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Les régions transfrontalières en France
Des aménagements favorisant la libre-circulation
Les aménagements qui permettent la libre-circulation des biens, des marchandises et des humains sont les infrastructures de transport. C’est dans cette optique que des tunnels, des ponts, des autoroutes et des lignes ferroviaires à grande vitesse ont été construites pour relier les pays entre eux le plus efficacement possible.
Exemple
Le tunnel du Mont-Blanc, le tunnel sous la Manche ou la ligne à grande vitesse Thalys qui relie Paris à Amsterdam, Cologne et Bruxelles sont des infrastructures transfrontalières majeures.
Toutefois, cette politique de transport n’est pas achevée puisque certains espaces restent moins accessibles que d’autres.
Les mobilités sont donc au cœur de l’aménagement des espaces transfrontaliers, dont les infrastructures doivent permettre à 360 000 résidents de traverser les frontières pour aller travailler dans un pays limitrophe.
Ces migrations pendulaires sont particulièrement importantes entre la France et la Suisse, qui est la première destination des travailleurs transfrontaliers, suivie du Luxembourg, de l’Allemagne et de la Belgique.
Dans l’autre sens, les mobilités sont asymétriques puisque seulement 10 000 actifs résidant à l’étranger viennent travailler en France.
Des dynamiques inégales selon les régions
Les territoires transfrontaliers dynamiques
Certains territoires transfrontaliers bénéficient d’un contexte économique favorable, d’infrastructures performantes et d’une proximité culturelle des deux côtés de la frontière. Leur dynamisme est visible grâce une forte croissance démographique. Ils constituent souvent des bassins d’emplois importants.
C’est le cas autour de la frontière espagnole ainsi qu’aux frontières belges (Lille) et allemandes (Strasbourg) autour de métropoles transfrontalières comme Genève, Luxembourg, Monaco ou Sarrebruck.
Des espaces inégalement intégrés
Toutefois, plusieurs zones frontalières connaissent une déprise démographique et une diminution de l’emploi. C’est le cas des régions ayant connu des épisodes de désindustrialisation et de chômage, comme les Ardennes ou la Moselle.
Les régions montagneuses enclavées comme le Jura, les Alpes ou les Pyrénées sont aussi concernées. L’absence de connexion aux grands réseaux de transport renforcent leur marginalisation.
Exemple
La forêt amazonienne en Guyane fait partie de ces régions transfrontalières particulièrement enclavées.
Il est important de noter que de nouvelles logiques de fermeture sont désormais à l’œuvre, avec notamment le contrôle aux frontières rétabli et maintenu en France depuis les attentats du 13 novembre 2015. De plus, depuis le Brexit, des tensions ont pu émerger quant à la gestion de la frontière avec le Royaume-Uni.
De la même manière, on peut retrouver des tensions héritées d’inégalités Nord-Sud dans les régions ultrapériphériques, où les frontières sont fermées et les contrôles renforcés. C’est le cas à Mayotte avec les migrations en provenance des Comores.
Les différents types de coopérations transfrontalières
Les territoires transfrontaliers mobilisent différents acteurs comme l’État, les collectivités territoriales, la société civile, mais surtout l’UE, qui a fortement encouragé la gouvernance transfrontalière.
L’Union européenne institutionnalise la coopération transfrontalière, particulièrement par la création du FEDER en 1975 et les programmes d’initiative communautaire Interreg à partir de 1990. L’UE va ainsi favoriser l’émergence de structures de coopération transfrontalière aux échelles régionales et locales.
Exemple
Ainsi, en 2006, elle fonde les groupements européens de coopération territoriale (GECT), dont l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai.
L’Union européenne participe à l’intégration des territoires transfrontaliers en finançant des infrastructures et des projets transfrontaliers. C’est le cas de l’hôpital franco-espagnol de Puigcerdà, ouvert en 2014 en Cerdagne.
À l’échelle intra-urbaine, des projets d’aménagement renforcent l’intégration des territoires, comme on le voit avec le jardin des Deux-Rives, inauguré en 2004. Il relie par une passerelle Strasbourg et Kehl, de part et d’autre du Rhin.